Tempête sur les pays émergents : Un nouvel épisode de la crise financière05/02/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/02/une2375.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Tempête sur les pays émergents : Un nouvel épisode de la crise financière

L'an dernier, les investisseurs - banquiers, fonds d'investissement, compagnies d'assurance et autres spéculateurs - ont retiré sur les seuls marchés d'actions et d'obligations des pays dits émergents plus de 29 milliards de dollars de capitaux, dont 9 milliards pour la seule dernière semaine de décembre.

Le montant cumulé des sommes investies dans ces pays, sur les marchés boursiers et sur les autres marchés spéculatifs, aurait culminé il y a un an à 220 milliards de dollars. Jusqu'à aujourd'hui, sur ce total, seuls 60 milliards de dollars se sont réfugiés sur des marchés financiers jugés plus sûrs, essentiellement vers Wall Street. Cela ne représenterait que 5 % des sommes investies depuis neuf ans sur les marchés financiers de ces pays, selon un banquier. C'est dire que ce n'est sans doute qu'un début.

L'Inde, le Brésil, la Turquie, l'Afrique du Sud, la Russie, l'Argentine, l'Indonésie surtout ont été touchés jusqu'à présent par ce mouvement de fuite des capitaux. Tout récemment, il aurait commencé à toucher des pays d'Europe de l'Est, comme la Hongrie et la Pologne, dont les monnaies ont commencé à fléchir.

Ce qui a mis le feu aux poudres est la décision de la Banque centrale américaine, la Fed, de changer de politique monétaire. Depuis 2008, la Fed inondait les marchés financiers de liquidités. Cet argent a nourri la spéculation sur les marchés des pays dits émergents. Que n'a-t-on entendu alors pour vanter la solidité de leurs économies, leur taux de croissance, etc. !

La simple annonce, en mai dernier, par le patron de la Fed, de son intention de réduire progressivement ces injections de capitaux avait suffi pour déclencher la première vague de fuite des capitaux dans ces pays. Depuis la Fed a effectivement réduit de vingt milliards, sur un total de 85 milliards par mois, le montant de ses injections de capitaux. Cela a suffi pour que les investisseurs qui s'étaient nourris de ces capitaux gratuits, ou presque, découvrent la fragilité de l'économie de ces pays. Ainsi ces pays émergents, qui, comme le rappelle Le Monde du 26 janvier, « avaient tiré la croissance mondiale après la crise de 2008 », sont « devenus une menace ».

Cette fuite des capitaux qui se reconvertissent en dollars américains, a des conséquences dramatiques pour ces pays, et surtout pour leurs populations. Elle se traduit en effet mécaniquement par l'affaiblissement de ces monnaies, voire par leur effondrement. En six mois, la livre turque par exemple a perdu plus de 30 % par rapport au dollar. Depuis le début du mois de janvier, le peso argentin a perdu près de 20 %. Avec comme conséquences l'explosion des dettes contractées en devises étrangères, la hausse des prix des importations, et l'augmentation de l'inflation

Les mesures prises par les autorités monétaires de ces pays, comme la hausse des taux d'intérêt, ont été impuissantes à enrayer la fuite des capitaux et risquent même au contraire d'aggraver encore leur situation, en affaiblissant encore un peu plus leur économie. Et « le mouvement ne fait que commencer », comme le reconnaît un banquier cité par la presse.

Dans les derniers jours du mois de décembre, journaux et marchés financiers des pays riches célébraient les performances des marchés boursiers et la fin de la crise, mais il n'a pas fallu attendre longtemps pour qu'ils soient contredits. Devant la perspective des répercussions de la crise sur les économies des pays impérialistes, en janvier les marchés boursiers se sont effondrés. Non seulement la crise financière est toujours là, mais elle s'étend et risque de s'aggraver encore.

Partager