Bisphénol A : Néfaste pour la santé, mais pas pour les profits05/02/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/02/une2375.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Bisphénol A : Néfaste pour la santé, mais pas pour les profits

L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) vient de diviser par dix la dose journalière admissible de bisphénol A qu'elle recommande, c'est-à-dire la dose qu'elle juge ingérable chaque jour par l'homme sans danger pour sa santé.

Le bisphénol A (ou BPA) est une substance très courante, présente dans le revêtement intérieur des boîtes de conserve et des canettes, dans les bonbonnes d'eau des bureaux, les boîtes en plastique rigide, le papier thermique des tickets de caisse et des reçus de carte bleue, les peintures murales de type résine époxy, les ciments dentaires... De nombreuses études alertent sur ses effets néfastes pour la santé, y compris à petites doses : considéré comme un perturbateur endocrinien, le bisphénol A aurait des conséquences nocives sur le foie et les reins, favoriserait l'apparition de cancers du sein, l'obésité infantile et la baisse de la fertilité. Il serait particulièrement dangereux pour les foetus, les nourrissons et les jeunes enfants, ainsi que pour les caissières qui manipulent à longueur de journée des tickets de caisse.

En France, le bisphénol A est déjà interdit depuis le 1er janvier 2013 dans tous les conditionnements pouvant entrer en contact avec des aliments pour les nourrissons et les enfants en bas âge, en particulier dans les biberons. Cette interdiction devrait être étendue à l'ensemble des conditionnements à usage alimentaire à partir du 1er janvier 2015. Cela fait déjà de nombreuses années que les études scientifiques s'accumulent et alertent sur le sujet, que les parlementaires discutent et légifèrent. Si la prise de décision prend tant de temps, c'est que les industriels de l'agro-alimentaire freinent des quatre fers, car le remplacement du bisphénol A par une substance non toxique leur coûte de l'argent.

Ils ont tout de même dû trouver des substituts, et les biberons, ainsi que certains papiers thermiques, portent désormais la mention « sans bisphénol A » (ou « sans BPA »). Mais dans bien des cas, le bisphénol A a été remplacé par d'autres bisphénols, qui seraient tout aussi toxiques. D'après l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail), ces substituts ont été adoptés par les industriels, mais ils « n'ont pas pour autant fait l'objet d'essais complets dans le domaine de la toxicologie, notamment vis-à-vis de la reproduction et/ou de leurs caractères de perturbateur endocrinien ».

La recherche du profit immédiat et la santé publique ne font pas bon ménage.

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