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Police : Le prix de l'outrage à agent
L'Inspection générale de l'administration (IGA) vient de remettre au ministère de l'Intérieur un rapport d'enquête dénonçant des pratiques abusives de policiers et de cabinets d'avocats, visant à soutirer de l'argent public et à arrondir les fins de mois.
L'outrage à un policier est en effet un délit qui relève des tribunaux correctionnels. En 2012, 20 000 plaintes de policiers ont été déposées, dont seulement 300 ont été rejetées, et dont un tiers concerne des injures.
Les inspecteurs de l'IGA constatent que des policiers, de connivence avec des avocats, se sont spécialisés dans ces plaintes. Des dizaines de policiers en déposent plusieurs par an pour outrages verbaux, le record étant de 28 plaintes dans l'année pour un seul policier. Les frais d'avocat, intégralement pris en charge par l'administration, se montent à 1 000 euros en moyenne par plainte, plus 100 euros en cas de report, plus encore 1 000 euros s'il y a appel, ce que certains avocats font systématiquement. Des cabinets d'avocats liés à des policiers ne vivent que de ces procès, ce qui suscite des soupçons de connivence... note délicatement le rapport. Quant aux infractions, elles sont sanctionnées par des amendes variant de 300 à 700 euros de dommages et intérêts, payées par les deniers publics lorsque le condamné n'est pas solvable.
L'IGA se demande s'il faut continuer d'assurer la défense des plaintes « de policiers qui vont contrôler l'identité des SDF, apparemment alcoolisés, qui stationnent sur la voie publique sans autre comportement et qui réagissent en prononçant des injures ». De même, l'IGA demande s'il faut continuer de payer l'avocat « d'un policier qui se poste devant un local de dégrisement et reçoit alors des injures et outrages de la part d'une personne en état d'ébriété et qui souvent regrette ses propos une fois dégrisée ».
Bref, l'outrage à policier pouvant rapporter gros, certains n'hésiteraient pas à en provoquer. Alliance et d'autres syndicats de policiers ont parlé d'un « rapport honteux » et disent attendre « un ferme démenti du ministre de l'Intérieur ». Manuel Valls, premier flic de France, sera-t-il aussi ferme ?