Rwanda : À quand le procès des autorités françaises responsables du massacre?05/02/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/02/une2375.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Rwanda : À quand le procès des autorités françaises responsables du massacre?

Il y a vingt ans, la population rwandaise était victime d'un abominable massacre. Ce fut un véritable génocide pour les Tutsis, mais aussi pour ceux des Hutus qui s'opposaient aux meurtres de masse perpétrés par un régime aux abois. En trois mois, entre avril et juin 1994, 800.000 personnes ont perdu la vie.

Le régime rwandais était alors armé et protégé par la France de Mitterrand et Balladur, gauche et droite unies dans la défense des intérêts de l'impérialisme français. Mais le soutien de l'armée française n'a pas empêché la victoire de la guérilla tutsie, au pouvoir depuis. Battus dans la guerre civile malgré la terreur qu'ils ont exercée sur la population, d'ex-dirigeants rwandais ont trouvé refuge en France avec tout ce sang sur les mains.

Ils seraient au moins plusieurs dizaines, dont une vingtaine seulement sont poursuivis par la justice française avec une lenteur suspecte. Peu de juges sont en effet prêts à examiner en détail ces meurtres de masse car, en remontant les responsabilités, on arrive bien vite aux sommets de l'État français.

C'est la pression des associations de victimes et de leurs avocats, qui dénoncent « vingt ans de complaisance » et « les lenteurs insupportables de la justice française », qui permet un premier procès ces jours-ci.

Le capitaine Simbikangwa, un des dirigeants des services de renseignements rwandais, a en effet été arrêté de façon fortuite sur le territoire français à Mayotte en 2008. Comme il se déplace en chaise roulante, il a été aisément reconnu par la dizaine de rescapés survivants des 1 500 personnes massacrées le 8 avril 1994 sur la colline de Kesho. Il a aussi participé à d'autres assassinats.

Handicapé, ce capitaine n'a pas tué de ses mains, se contentant d'inciter d'autres à le faire à la radio et de leur distribuer des armes. En conséquence, il est jugé à Paris pour « complicité de génocide et complicité de crime contre l'humanité ». Mais c'est un crime dont s'est également rendu coupable l'État français, qui a distribué des armes et formé les milices d'assassins. Il devrait également avoir sa place sur le banc des accusés, aux côtés des tueurs rwandais.

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