La manifestation des « bonnets rouges » à Carhaix : Régionalisme et revendications ouvrières04/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2366.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La manifestation des « bonnets rouges » à Carhaix : Régionalisme et revendications ouvrières

La manifestation de Carhaix du 30 novembre a regroupé largement autant de monde que celle de Quimper le 2 novembre. Comme à Quimper, le caractère populaire du rassemblement était indéniable. La veille, par souci de ne pas se mettre à l'écart du Pacte pour l'avenir de la Bretagne, les instances régionales du Medef ainsi que le Comité régional des pêches s'étaient démarqués du rassemblement. Mais cela n'a rien enlevé à la confusion.

Ceux qui occupaient la tribune parlaient au nom des divers petits entrepreneurs présents dans la foule, artisans, commerçants, routiers, agriculteurs et pêcheurs. Mais, parmi les présents, il y avait aussi beaucoup de travailleurs salariés, de chômeurs, de retraités, sans référence à un syndicat, à une profession ou à un secteur d'activité. En effet toutes les organisations syndicales ouvrières s'étaient elles aussi ostensiblement démarquées, laissant les salariés sans expression ni organisation propres. Outre l'abrogation de l'écotaxe, le régionalisme et la dénonciation des charges et des contraintes administratives parisiennes se sont donné libre cours et tenaient lieu de dénominateur commun.

Malgré l'absence des centrales syndicales ouvrières, des organisations, telles que le NPA, divers petits groupes se situant à l'extrême gauche et se référant en même temps à des valeurs régionalistes, avaient pris l'initiative d'appeler les salariés à se regrouper devant la gare de Carhaix dans un « pôle ouvrier », avant de rejoindre le rassemblement. Cette initiative entendait permettre l'expression des intérêts des salariés. Près de mille manifestants s'y sont regroupés avec des travailleurs de Doux, de Tilly-Sabco, de Gad ou de Marine Harvest, qui se distinguaient par leurs tee-shirts et leurs banderoles exigeant la sauvegarde de leurs emplois. Les banderoles étaient diverses, les organisations bretonnantes tenant à arborer les leurs. Cependant des banderoles réclamant clairement l'interdiction des licenciements étaient bienvenues. Et la responsabilité des groupes industriels, bretons ou non, était clairement dénoncée.

Dans le cortège qui a rejoint le lieu du rassemblement, les slogans à connotation régionaliste se mélangeaient à d'autres affirmant plus clairement que « de l'argent il y en a dans les poches du patronat ». C'est à près de deux mille que les manifestants se sont joints au rassemblement.

C'était au moins affirmer les exigences ouvrières et se démarquer de la confusion des organisateurs, qui se sont félicités de leur succès, insistant sur les propositions dont ils étaient porteurs et invoquant de Gaulle et Mitterrand comme présidents ayant su entendre en leur temps la voix de la Bretagne. Il faudra autre chose pour faire entendre vraiment la voix des travailleurs... de Bretagne et d'ailleurs.

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