Collège de Trélazé (Maine-et-Loire) : Face à un climat insupportable, les enseignants de la Segpa cessent le travail04/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2366.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Collège de Trélazé (Maine-et-Loire) : Face à un climat insupportable, les enseignants de la Segpa cessent le travail

Pendant plus d'une semaine à partir du 21 novembre, six enseignants de la Segpa du collège Jean-Rostand de Trélazé ont fait valoir leur droit de retrait, estimant que le climat dans lequel ils travaillent mettait leur santé en danger.

Les Segpa (sections d'enseignement général et professionnel adapté) accueillent des élèves de collège ayant de grosses difficultés scolaires. Ils sont dans des classes à effectifs réduits et, à partir de la 4e, reçoivent un enseignement préprofessionnel. Mais depuis plusieurs années, des élèves ayant de graves troubles du comportement, dont certains nécessiteraient un suivi psychologique, y sont scolarisés. L'Éducation nationale n'accordant pratiquement pas de moyens supplémentaires pour aider à prendre en charge ces élèves parfois très agressifs, cela génère inévitablement des problèmes de discipline et de violence.

Au collège Jean-Rostand, le climat de violence avait atteint un niveau insupportable. Toutes les mesures que les enseignants proposaient pour tenter de résoudre le problème étaient systématiquement refusées par la direction, qui soutenait les élèves au comportement agressif au nom de la « bienveillance ».

Les enseignants n'étaient pas seuls à être victimes de cette attitude de la part de l'administration, leurs élèves l'étaient aussi. En faisant valoir leur droit de retrait, ils avaient conscience de défendre aussi les intérêts de leurs élèves, ceux voulant travailler mais aussi ceux qui posaient problème, afin qu'ils ne soient pas abandonnés à leur sort.

Lors de leur mouvement, les six enseignants de la Segpa ont reçu le soutien de leurs collègues du collège, qui ont cessé le travail pendant une heure par solidarité. Ils se sont adressés aux familles de leurs élèves, qui les ont assurés de leur soutien, ainsi qu'à la presse. Ils ont par ailleurs refusé de répondre à « l'invitation » du directeur académique qui voulait les rencontrer, mais en refusant la présence de l'inspection du travail.

Le directeur académique a alors écrit aux enseignants pour leur reprocher leur attitude au nom de « l'intérêt des élèves », les menaçant à mots couverts de les considérer comme grévistes si les élèves n'étaient pas accueillis à nouveau. Mais dans le même temps, il amorçait un premier recul en acceptant d'inscrire la question à l'ordre du jour d'un comité d'hygiène et sécurité (CHSCT) prévu pour le 29 novembre.

Au cours de celui-ci, qui s'est tenu dans un climat très tendu, les enseignants ont pu raconter leurs conditions de travail et mettre en cause l'attitude de leur direction. Par ailleurs, l'interprétation restrictive par le directeur académique des textes sur le droit de retrait a été battue en brèche. Au final, il a reconnu les difficultés rencontrées par les enseignants et des mesures ont été programmées pour rétablir la situation ; un suivi a aussi été mis en place.

Après ce recul de l'inspection académique, les enseignants ont décidé de reprendre les cours à partir du 2 décembre. Ils savent qu'il leur faudra être vigilants pour que les engagements soient tenus, mais aussi qu'ils peuvent compter sur le soutien de leurs collègues du collège et des familles de leurs élèves.

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