Crèche Baby Loup, Chanteloup-les-Vignes : Le voile, affichage de l'oppression des femmes04/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2366.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Crèche Baby Loup, Chanteloup-les-Vignes : Le voile, affichage de l'oppression des femmes

La cour d'appel de Paris a donné raison à la directrice de la crèche Baby Loup de Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines, qui avait licencié une salariée en décembre 2008 pour avoir refusé d'ôter son voile islamique. Elle a estimé qu'il y avait eu « une faute grave » de celle-ci, le règlement intérieur de la crèche demandant à ses employés d'observer une « neutralité philosophique, politique et confessionnelle ».

La cour a estimé que cet article du règlement intérieur « ne portait pas atteinte aux libertés fondamentales, dont la liberté religieuse ». De plus, même si ce n'est pas écrit dans la loi, l'article répond selon elle à « l'exigence professionnelle essentielle [...] de protéger la conscience en éveil des enfants ». Ce jugement est le quatrième de la série et la salariée ne compte pas en rester là, puisqu'elle veut se pourvoir en cassation et en appeler à la Cour européenne des droits de l'Homme.

Il ne s'agit pas là d'un simple conflit du travail. Derrière le cas de cette salariée, il y a une offensive d'organisations intégristes islamistes contre une structure qui se bat pour que les femmes puissent acquérir leur indépendance. Baby Loup est une crèche d'un genre particulier : elle est ouverte 24 heures sur 24 et les femmes peuvent y déposer leur enfant pour quelques heures seulement, lorsqu'elles ont par exemple un rendez-vous avec un employeur potentiel. En outre, elle donne des cours pour permettre l'insertion professionnelle des femmes de cette cité, majoritairement d'origine étrangère et sans qualification.

L'obstination de l'employée à se faire reconnaître le droit de porter le voile durant son travail à la crèche n'est pas une question de liberté individuelle. Il s'agit plus généralement de banaliser le port de ce qui n'est rien d'autre que l'affichage de l'oppression des femmes, ainsi condamnées à cacher leur chevelure, voire leur visage, à la société.

S'opposer au port du voile dans une crèche, dans une école ou au travail, c'est être solidaire de toutes les femmes que des courants obscurantistes voudraient forcer à le porter. C'est s'opposer à ces réactionnaires qui dénient aux femmes le droit d'être indépendantes et de mener une vie sociale, voulant en faire d'éternelles mineures dont le seul rôle devrait être de s'occuper de leur foyer.

Dans le cas de la crèche Baby Loup, une salariée qui, brandissant sa volonté de porter le voile comme s'il ne s'agissait que d'un droit individuel, s'oppose à une directrice qui défend la vocation militante de la crèche. Il s'agit là d'un choix politique et social.

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