Dans l'édition 2013 de son étude intitulée France, portrait social, l'Insee confirme ce que chaque salarié a pu constater sans avoir besoin de statistiques, mais que l'institut niait jusqu'à présent : les salaires ont stagné ou même baissé entre 1995 et 2011. La baisse a surtout été effective depuis le début de la crise de 2008.

L'Insee ne s'est pas appuyée sur le salaire horaire ou mensuel pour arriver à cette conclusion, comme elle le faisait antérieurement. Elle a fait la somme de tous les salaires perçus pendant l'année, ce qui fait une différence. En effet, dans le privé, avec le chômage, l'augmentation des embauches en CDD ou du travail à temps partiel, les salaires ont augmenté de 0,8 % sur la période 1995-2011, ce qui est déjà bien peu compte tenu de l'inflation. Mais le temps travaillé et par conséquent payé a, lui, diminué pour nombre de travailleurs, amenant une baisse de leur salaire annuel. Dans le public, le temps de travail n'a pas changé, mais le gel des salaires n'a pas permis que ceux-ci progressent, alors que le coût de la vie n'a cessé de grimper.

Les femmes sont en outre les plus touchées par cette baisse des salaires. Du fait qu'elles sont de plus en plus nombreuses à occuper un emploi précaire ou à temps très partiel, elles ont perçu en 2011 un revenu salarial inférieur de 24 % à celui des hommes. À part cela, il paraîtrait que l'égalité hommes-femmes est en marche !

Cette étude montre, s'il en était besoin, que ce sont les travailleurs qui font les frais d'une crise et, plus généralement, d'un système économique dont ils ne sont pas responsables. Il est urgent de mettre en avant la revendication d'une hausse importante de tous les salaires.