Allemagne : Le mur de l'exploitation est toujours debout04/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2366.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Le mur de l'exploitation est toujours debout

En novembre 2013, il y avait 24 ans que le Mur de Berlin ainsi que les milliers de kilomètres de barbelés qui entouraient Berlin-Est et l'ensemble de la République démocratique allemande (RDA), étaient tombés. Cela fait aussi vingt-trois ans que l'Allemagne a été réunifiée, ou plus exactement que la riche République fédérale de l'ouest a absorbé la République démocratique allemande (RDA) de l'est. Helmut Kohl, le chancelier allemand d'alors, promettait aux citoyens de ce qu'on allait désormais appeler « les nouveaux Länder » que ceux-ci deviendraient des « paysages florissants » en quelques années.

Vingt-trois ans après, les salaires réels pratiqués dans l'est de l'Allemagne ne s'élèvent en moyenne, d'après des chiffres établis par le syndicat DGB, qu'à 83 % de ceux de l'ouest. Mais si l'on tient compte du fait que les temps partiels et les petits boulots sous-payés sont plus répandus à l'Est, on tombe, selon d'autres statistiques, à une moyenne de 65 % seulement pour le secteur privé.

Déjà, pour beaucoup de travailleurs de l'Ouest, il est de plus en plus difficile de s'en sortir. Alors on peut imaginer dans quelles conditions ceux de l'est du pays doivent vivre. Car les prix n'y sont, évidemment, pas inférieurs à ceux pratiqués à l'ouest. Dans bien des villes, ceux de l'immobilier ont ainsi flambé au cours de la période récente. C'est par exemple le cas à Dresde, où la société publique qui gérait le logement social a été privatisée en 2006. Les requins qui se sont ainsi emparés du parc, dont un fonds de pension américain, ont fait grimper les prix des loyers. En l'espace de deux ans seulement, depuis la fin 2011, ceux-ci ont augmenté de 18 % à 31 % selon le type d'appartement, d'après le Mieterbund (Union des locataires).

Malgré cela, de nombreux politiciens osent parler de l'Est comme d'une région « privilégiée ». Ils réclament que le traitement spécial, c'est-à-dire un certain nombre de subventions publiques de toutes sortes, censées permettre le rattrapage de l'Est, dont bon nombre d'entreprises ont évidemment profité, soit supprimé. Vingt-quatre ans après la chute du Mur, il est en effet temps de supprimer ce « traitement spécial »... qui permet au patronat de surexploiter les travailleurs de l'Est.

Partager