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- Lutte ouvrière n°2366
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Editorial
Sous la retraite chapeau, le scandale du grand capital
Varin, le PDG de Peugeot Citroën, a reculé ne serait-ce que sur la forme face au scandale déclenché par ses 21 millions de retraite chapeau. Mais ce n'est pas le premier scandale, ni le dernier.
Parmi les plus notables, notons le PDG de Carrefour parti en 2012 avec une prime de 1,5 million d'euros et une retraite chapeau de 500 000 euros par an, le salaire de 13,4 millions d'euros de Carlos Ghosn, PDG de Renault Nissan, les 4,8 millions d'euros provisionnés par Alcatel Lucent pour la retraite chapeau de son PDG.
Et ce ne sont là que des exécutants ! Des serviteurs de luxe, certes, mais des serviteurs dont les maîtres peuvent se débarrasser s'ils ne sont pas à la hauteur des services attendus. Cela laisse imaginer la fortune des maîtres !
Les Peugeot, les Bettencourt, les Mittal, ne sont pas visés par le scandale et pourtant, s'ils payent des bonus, des stock-options, des retraites dorées à leurs laquais, c'est que ces derniers leur rapportent plus encore. Qu'ils versent même des sommes aussi extravagantes montre qu'ils ont de l'argent à ne plus savoir qu'en faire.
Que le PDG de PSA soit forcé de s'expliquer et de reculer est un juste retour de bâton. Depuis deux ans, ce monsieur dresse un tableau apocalyptique des finances de PSA. Au nom des prétendues difficultés il a, en quatre ans de service, supprimé 15 000 emplois, sans compter les intérimaires et les CDD mis à la porte, et fermé trois usines, dont celle d'Aulnay. Et ce monsieur s'apprêtait à partir avec 21 millions pour compléter sa retraite !
Il a fait le sale boulot de supprimer les emplois, il a justifié le blocage des salaires et la baisse de toute une série de primes, correspondant au vol de 1 000 euros par an et par salarié. Et ce, en sachant pertinemment que, s'il y avait des sacrifices à faire, la famille Peugeot et les autres actionnaires pouvaient payer. Toutes ces basses oeuvres, il les a exécutées pour le compte de la famille Peugeot.
Au-delà de PSA, combien y a-t-il d'autres Varin à la tête des grands groupes, payés pour mentir ? Payés pour se faire maîtres chanteurs et forcer les travailleurs à accepter sacrifice sur sacrifice pour le plus grand profit de la bourgeoisie ?
Tous ces grands patrons ont érigé le mensonge en art de gouverner. Eh bien, les travailleurs ne doivent pas prendre ce qu'ils disent pour argent comptant.
Les travailleurs concernés par des licenciements ou confrontés à des attaques devraient avoir accès à la comptabilité de l'entreprise, connaître ses bénéfices réels, ses dettes, ses provisions, ses participations à d'autres entreprises, l'utilisation des dividendes présents et passés.
Les travailleurs devraient faire la lumière sur ces fameuses charges dont tous les patrons se plaignent. Mais combien versent-ils aux banquiers ? Combien payent-ils pour louer leurs locaux aux spéculateurs immobiliers ? Combien payent-ils aux assurances ? Quelle marge le gros donneur d'ordres laisse-t-il au petit sous-traitant ?
Et combien les grands groupes capitalistes touchent-ils en aides et exonérations diverses ? Combien vont-ils toucher en crédit d'impôt compétitivité, au nom duquel le gouvernement va augmenter la TVA et nous faire tous payer ?
Dans cette transparence générale, les travailleurs verraient aussi combien rapporte un salarié. On mesurerait alors l'escroquerie qui consiste à parler de coût du travail. Car le travail ne coûte pas aux patrons, il leur rapporte. Le moindre centime que la bourgeoisie gagne lui vient de l'exploitation du travail, les millions d'euros que dépensent les riches pour s'assurer leur train de vie de parasites sont extraits de la peine et de la sueur des travailleurs.
Ne comptons pas sur le gouvernement ni sur la loi pour rétablir la vérité ou une morale quelconque. Jamais Hollande n'a envisagé une quelconque transparence sur les dividendes et les fortunes de la bourgeoisie. Sa promesse se limitait à encadrer les grandes rémunérations et, pour le privé, il l'a remisée aux oubliettes.
Ce sont les travailleurs eux-mêmes qui devront prendre en charge le contrôle et la transparence sur les circuits de l'argent. Cela ne remplacera pas le combat nécessaire pour défendre les emplois, les conditions de travail et les salaires, mais cela l'aidera.
Aujourd'hui, un salarié est tenu au secret professionnel et, s'il divulgue une information, aussi utile soit-elle pour les travailleurs et pour la société, il peut être licencié et traité comme un malfaiteur.
Le secret commercial, le secret bancaire et le secret des affaires sont des armes du patronat. La levée de ces secrets doit faire partie du programme des travailleurs.
Éditorial des bulletins d'entreprise du 2 décembre