Manifestation le 1er décembre à Paris : Non aux augmentations de TVA et au racket fiscal !04/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2366.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Manifestation le 1er décembre à Paris : Non aux augmentations de TVA et au racket fiscal !

Dimanche 1er décembre, Lutte Ouvrière s'était jointe à la manifestation appelée par le Front de gauche contre les augmentations de la TVA décidées par le gouvernement Hollande-Ayrault. C'est plus d'une dizaine de milliers de personnes qui ont défilé à Paris entre la place d'Italie et les abords du ministère des Finances de Bercy.

Les drapeaux et banderoles du PCF et du Parti de gauche étaient bien sûr les plus nombreux. Mais un solide groupe de Lutte Ouvrière était là aussi, affirmant ses propres mots d'ordre. De nombreux drapeaux, banderoles et pancartes, proclamaient notamment que « la seule fiscalité juste, c'est faire payer les revenus du capital, pas les travailleurs », ou bien réclamaient, face au chômage, l'interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous. Un groupe du NPA était également présent.

La manifestation s'est terminée par des prises de parole. Après Jean-Luc Mélenchon pour le Parti de gauche, parlant de « révolution fiscale », et Pierre Laurent pour le PCF, notre camarade Nathalie Arthaud a pris la parole au nom de Lutte Ouvrière. On trouvera ci-après des extraits de son intervention.

Camarades,

Oui, l'heure n'est pas à discuter avec le gouvernement sur ce que pourrait être la justice fiscale, l'heure est à la mobilisation, l'heure est à la protestation, l'heure est à dire notre colère contre l'augmentation de la TVA et contre la politique antiouvrière du gouvernement.

Nous l'avons fait aujourd'hui et ce ne doit être qu'un début.

Quelle « juste politique fiscale » ?

La seule politique fiscale juste, du point de vue des travailleurs, serait la suppression des impôts indirects, la suppression de toutes ces taxes, qui vont de la TVA à la taxe sur les carburants, en passant par les taxes sur les boissons, sur la télévision.

Ce serait aussi que l'impôt sur le revenu ne s'applique pas sur le salaire des travailleurs ni sur leur pension de retraite, et qu'il ne s'applique qu'aux véritables revenus, c'est-à-dire à l'argent qui est tiré de l'exploitation par le biais du capital.

Outre que le salaire permet tout juste de joindre les deux bouts pour des millions d'ouvriers, il ne représente pas l'intégralité de la richesse produite par un travailleur. Il est amputé de la plus-value qui finit dans la poche des patrons.

Les exploités payent donc déjà, bien malgré eux, leur tribut au système. Pourquoi doivent-ils payer une seconde fois, avec des impôts ?

La seule politique fiscale juste serait de faire payer les capitalistes sur les profits tirés de l'exploitation, pas les travailleurs.

Les professeurs de morale républicaine prétendent que l'impôt est l'acte citoyen par excellence, le prix de nos services publics.

Mais les services publics ont bon dos ! Les trois milliards prévus pour acheter des avions Rafale à Dassault, les centaines de millions dépensés pour les guerres de l'armée française au Mali ou en Centrafrique n'ont rien à voir avec le service public. Et les 56 milliards que l'État verse aux banquiers pour le remboursement des intérêts de la dette, c'est le service public aussi ?

L'État est une vache à lait pour les capitalistes de la finance et de l'industrie et l'impôt est un racket des classes populaires pour entretenir un État et une armée au service de la bourgeoisie. Eh bien c'est à la bourgeoisie de payer ! C'est le capital qu'il faut imposer, pas le travail !

Il n'y a pratiquement pas un jour sans qu'une catégorie sociale ou une corporation n'exprime sa colère contre la politique gouvernementale. Les salariés, qui sont les principales victimes de l'austérité et du chômage, ne feraient pas entendre leur voix ? Mais ils ont mille raisons de protester et de mettre en avant leurs revendications.

À commencer par l'interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous. [...]

Modifier le climat politique

C'est en prenant l'initiative de la fronde sociale que les travailleurs pourront modifier aussi le climat politique délétère marqué par l'abstention et la montée du FN.

À la base de ce climat, il y a la déception du monde du travail et son écoeurement de la politique menée par le Parti socialiste. Et comment pourrait-il en être autrement ? L'arrivée de la gauche au pouvoir a toujours été présentée par tous les partis de gauche comme une façon de changer la vie des travailleurs. Ce qu'elle n'a jamais été.

Après chaque passage de la gauche au gouvernement, il y a eu parmi les travailleurs de la déception, de la désillusion, un sentiment d'avoir été trahis. Pire, pendant que la gauche était au pouvoir, ses dirigeants ont freiné les travailleurs, freiné les militants eux-mêmes en leur disant qu'il ne fallait pas compromettre les chances du gouvernement.

Aujourd'hui, le FN se nourrit de la politique antiouvrière du gouvernement, mais aussi de l'absence de perspectives politiques données aux travailleurs.

Il ne faut pas que le mouvement ouvrier, en se solidarisant avec le gouvernement, accrédite si peu que ce soit l'idée que le gouvernement le représente. Les militants ouvriers ne doivent pas se sentir gênés de combattre les décisions antiouvrières de ce gouvernement.

Le gouvernement de Hollande mène une politique antiouvrière, comme la droite, il faut le combattre comme si c'était un gouvernement de droite.

Notre confiance dans la classe ouvrière

La classe ouvrière se battra tôt ou tard, à condition qu'on ne la freine pas, à condition qu'on ne lui prêche pas l'attentisme et la résignation sous prétexte que le gouvernement est de gauche et qu'il pourrait y avoir pire.

Oui, il faut faire confiance à la classe ouvrière, à sa capacité de révolte et de combat, car il n'y a rien à attendre d'aucun gouvernement de gauche par ces temps de crise.

Dans le passé, la classe ouvrière a été capable à bien des moments d'inverser le rapport de force et de contrebalancer la puissance de l'argent grâce à ses luttes. Elle en sera à nouveau capable, encore faut-il que ses propres organisations ne soient pas un obstacle.

La pire des choses qui puisse arriver, c'est que la classe capitaliste, responsable de la crise, parvienne à retourner la colère des artisans, des petits commerçants, des paysans travailleurs, contre la classe ouvrière.

Il faut réagir pour s'opposer à cela. Il faut que la classe ouvrière reprenne confiance en ses forces et retrouve sa combativité. Les militants ouvriers sincèrement dévoués à leur classe peuvent et doivent y contribuer.

Il faut que les ouvriers, les exploités prennent la tête de la fronde sociale, car ils sont les seuls à n'avoir aucun intérêt à cette société d'exploitation, les seuls à pouvoir contester la dictature de la bourgeoisie et de ce système capitaliste qui ruine toutes les classes populaires et qui pèse sur toute la société.

Plus il y aura de militants qui agiront dans le sens de la lutte et de l'organisation des travailleurs derrière ses intérêts de classe, plus on pourra combattre l'influence mortelle du FN dans la classe ouvrière.

Se battre contre le gouvernement, se battre contre le patronat et contre les licenciements c'est la manière la plus efficace de se battre contre le FN.

Malgré nos divergences, nous pouvons tous participer à reprendre le chemin des luttes, en participant aux combats quotidiens, en agissant là où les choses se passent, dans les entreprises et dans les quartiers.

Vive la classe ouvrière, vive les luttes !

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