Enquête Pisa sur l'éducation : De plus en plus d'inégalités scolaires04/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2366.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Enquête Pisa sur l'éducation : De plus en plus d'inégalités scolaires

D'après les résultats de l'enquête réalisée par l'Organisation de coopération et de développement économiques, l'OCDE, et publiée le 3 décembre, la France bat les records d'inégalités en matière d'éducation. Cette enquête Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) précise que, si l'on ne tenait compte que des performances des élèves issus de milieux favorisés, la France se situerait au 13e rang d'un classement de 65 pays. En revanche, en ne comptabilisant que les élèves issus de milieux populaires, elle figurerait au 33e rang. La proportion d'élèves en difficulté est de 22,4 % aujourd'hui, contre 16,6 % il y a dix ans, et ces jeunes appartiennent en majorité aux classes populaires.

De nombreux prétendus experts se sont aussitôt demandé, comme si le problème était nouveau, pourquoi une telle situation, alors que le pays dépense 30 milliards d'euros de plus que l'Allemagne et le Royaume-Uni pour l'éducation, et qu'il compte plus d'enseignants et plus d'écoles. Ces moyens seraient-ils mal orientés, y aurait-il un problème de formation des enseignants, des méthodes pédagogiques à revoir, des programmes scolaires trop ambitieux ? Tout cela pourrait se discuter, si les instigateurs de telles pistes n'avaient pas déjà en tête de justifier de futures restrictions en personnel.

Le ministre de l'Éducation nationale Vincent Peillon a réagi en tirant du résultat de cette enquête un encouragement à appliquer les réformes qu'il envisage : après la réforme des rythmes scolaires, il prépare une réforme du statut des enseignants qui vise à les faire travailler plus sans aucune amélioration pour les conditions d'enseignement des élèves. Tel n'est pas le point de vue des enseignants, dont bon nombre se préparaient à faire grève le 5 décembre, conscients que, derrière l'écran de fumée de ces réformes, se cachent les restrictions budgétaires.

Rien n'est envisagé en effet pour financer la création massive de postes d'enseignants. Tout ce beau monde gouvernemental, qui s'appuie sur de grandes études pour découvrir ce que des milliers d'enseignants et de parents constatent tous les jours, devient brutalement sourd dès qu'est évoquée la nécessité de diminuer des effectifs dans les classes. Or à 30 élèves en maternelle ou en primaire, et souvent à beaucoup plus, jusqu'à 35 au collège et au lycée, il n'est pas possible d'apprendre correctement à lire, à écrire, à compter, ni de s'ouvrir à la culture, surtout dans les milieux populaires où l'école a un rôle plus important à jouer.

Vincent Peillon le sait parfaitement, mais il n'y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

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