Le ministère de l'Écologie et Monsanto : Un petit accroc après un gros cadeau27/01/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/01/une2269.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le ministère de l'Écologie et Monsanto : Un petit accroc après un gros cadeau

La ministre de l'Écologie Nathalie Kosciusko-Morizet a prévenu les agriculteurs qu'il était inutile d'acheter des semences de maïs génétiquement modifié mon 810, produit par la firme Monsanto, car le gouvernement allait en interdire l'usage. En effet l'interdiction interviendra juste avant les semailles, afin de ne pas laisser le temps à la Commission européenne de casser une fois de plus la décision française et afin de contraindre les agriculteurs à semer « à l'ancienne » ou à ne pas semer

C'est un beau coup de publicité, car le gouvernement semble ainsi s'opposer avec fougue à la fois à une multinationale, aux « fonctionnaires de Bruxelles » et jusqu'aux agriculteurs utilisateurs d'OGM ! Mais, comme pour toutes les gesticulations de campagne, il faudrait avoir la mémoire courte pour s' y laisser prendre.

Le Parlement a en effet adopté il y a peu une modification du code de la propriété intellectuelle concernant les semences de ferme, qui constitue un cadeau royal aux trusts de l'agroalimentaire dont, au premier chef, Monsanto.

Il y a déjà bien longtemps que les agriculteurs achètent leurs semences à des producteurs spécialisés, et presque aussi longtemps que ces derniers sont devenus des multinationales puissantes. Le premier d'entre eux est justement Monsanto et le second est Vilmorin-Limagrain, qui se targue d'exister depuis le 18e siècle.

Le marché de la semence est limité par le fait que les paysans peuvent toujours garder une partie de leur récolte comme semence pour la suivante. Les semenciers, en bons capitalistes, n'ont donc eu de cesse de réduire cette possibilité. D'abord en faisant qu'il revienne moins cher au paysan de racheter de la semence que de sélectionner et de traiter la sienne. Ensuite par l'introduction de nouvelles variétés, le maïs hybride en particulier, dont seule la première génération est productive ; ou bien par l'introduction d'un gène dit « terminator », qui stérilise les végétaux qui le portent. Et enfin il y a la réglementation et les arguties juridiques sur la propriété intellectuelle.

Depuis 1988, en Europe, les semenciers ont tenté de faire valoir que leurs semences, étant des créations de leurs laboratoires, leur appartenaient donc de droit ainsi que toutes les générations à venir. Les députés avaient jusque-là mis certaines limites à leurs prétentions et préservé le droit des agriculteurs à produire leurs propres « semences de ferme », même à partir d'une graine fabriquée par Vilmorin ou Monsanto, sous certaines conditions et pour vingt et une espèces. Ce que faisaient, par exemple, 25 % des producteurs de pommes de terre. Eh bien, ces vingt et une espèces seront désormais soumises à une taxe. Quant à la taxe qui existait déjà sur le blé tendre, elle sera multipliée par trois.

Il en va des Vilmorin et Monsanto comme des autres grands groupes capitalistes. Le seul profit ne leur suffit pas, il leur faut le profit garanti par la loi et organisé par l'État sous forme de taxe.

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