Afghanistan : Encore des morts pour une occupation qui doit cesser27/01/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/01/une2269.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afghanistan : Encore des morts pour une occupation qui doit cesser

Quatre soldats français ont été tués et quinze autres blessés pendant leur jogging, par un jeune soldat afghan, vendredi 20 janvier, sur une base de la province de Kapisa, à l'est de Kaboul. Dans cette caserne, un bataillon de 500 soldats de l'armée afghane était formé et entraîné par 200 militaires français. Sarkozy a aussitôt annoncé la suspension de toute opération de formation ou d'« aide au combat » tant que la sécurité des troupes françaises ne serait pas assurée.

Les autorités françaises et afghanes ont déclaré que le meurtrier était « un taliban manifestement infiltré depuis longtemps ». Cette explication, qui semble arranger tout le monde, pose tout de même le problème de la confiance entre les deux armées censées collaborer à instaurer l'ordre et la démocratie dans le pays. Deux légionnaires français avaient déjà été tués dans des circonstances semblables le 29 décembre. Mais l'hypothèse du taliban infiltré n'est pas démontrée. Les talibans eux-mêmes n'ont revendiqué cet attentat que tardivement et de façon confuse. Il pourrait tout aussi bien s'agir de la vengeance d'un soldat humilié par un instructeur, ou dont les proches auraient été victimes des armées d'occupation.

En occupant le pays, ces armées alimentent l'opposition, qualifiée à tort ou à raison de « talibane ». Elles comprennent 130 000 soldats dont l'équipement et l'armement sont à la pointe du progrès technique, appuyés par des salariés de sociétés militaires privées presque aussi nombreux. Leur artillerie, leurs avions et leurs drones bombardent de loin et de haut, sans grand risque pour les soldats. Mais elles multiplient les bavures, les « dommages collatéraux » parmi la population : villages mitraillés, fêtes ou noces campagnardes écrasées sous les bombes, familles anéanties dans leur voiture, enfants tués pendant qu'ils ramassaient du bois. En dix ans, il y a eu ainsi des dizaines de milliers de morts n'ayant rien à voir avec la rébellion mais cela a contribué à alimenter cette rébellion.

« Ils n'ont pas eu leur chance. C'est un meurtre, ce n'est pas la guerre », a déclaré le ministre français des Armées Longuet à propos des quatre soldats tués. Eh bien si, justement c'est souvent cela la guerre : des hommes armés massacrant des gens désarmés. Même si cette fois-ci ceux qui se trouvaient désarmés étaient les soldats français, et non les villageois qui sont souvent leurs victimes.

Ces morts qui se multiplient parmi les troupes françaises amènent président, ministres et hommes politiques à se poser à nouveau la question d'un retrait des 3 600 soldats français avant la date prévue de 2014. Envoyées il y a dix ans en Afghanistan pour maintenir dans la région l'ordre voulu par l'impérialisme, les troupes occidentales ne parviennent pas à s'imposer, malgré leur écrasante supériorité technique et matérielle, pas plus qu'à stabiliser le pouvoir de leur allié Hamid Karzaï. Mais en se comportant comme en pays conquis, elles suscitent embuscades et attentats.

Alors, hors d'Afghanistan, les troupes d'occupation !

Partager