Régionalisation de la demande d'asile : Aggravation des conditions d'accueil17/11/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/11/une-2207.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Leur société

Régionalisation de la demande d'asile : Aggravation des conditions d'accueil

Dans de nombreuses villes, depuis des mois, des familles entières se retrouvent à la rue dans le plus grand dénuement, par manque de place dans les structures d'hébergement. Cela est dû avant tout au désengagement de l'État.

On assiste depuis quelque temps à une arrivée plus importante de demandeurs d'asile en France. En un an, leur nombre a augmenté par exemple de près de 30 % à Grenoble. Car si la crise économique et la politique visant à la faire payer aux classes populaires aggravent la situation en France, elle l'aggrave encore plus dramatiquement dans les pays pauvres. Souvent les demandeurs d'asile qui arrivent ici ont vécu des situations tragiques, voire des tortures morales ou physiques. Traumatisés par ce qu'ils ont subi, ils arrivent avec l'espoir d'être accueillis.

En principe, quelques semaines après leur arrivée, les demandeurs d'asile sont censés être orientés par l'Office français de l'immigration vers des Cada (Centres d'accueil pour demandeurs d'asile), répartis sur l'ensemble du territoire, qui les hébergent plusieurs mois, le temps que leur dossier soit examiné. Mais les Cada sont complets, engorgés par la lenteur de la procédure de demande d'asile et par le nombre des demandeurs. Il y a, selon les associations, plus de 15 000 personnes en attente de CADA actuellement en France.

Mais une autre raison aggrave encore les conditions d'accueil : depuis 2009, le ministère de l'Immigration a mis en place une régionalisation de la demande d'asile : tout demandeur doit transiter par certaines préfectures (une ou deux par région), ce qui concentre les demandes vers ces villes-là. Par exemple pour Rhône-Alpes, ce sont les préfectures de Lyon et de Grenoble qui instruisent les demandes.

Ces préfectures sont équipées de bornes Eurodac, pour prendre les empreintes digitales. Celles-ci sont comparées avec celles répertoriées dans un fichier centralisé au niveau européen. La préfecture sait donc immédiatement si la personne a déjà déposé une demande d'asile, a transité ou a été contrôlée en séjour irrégulier dans un autre État de l'Union européenne. Si c'est le cas, cet État sera responsable de la demande d'asile. Les personnes sont alors en procédure Dublin, qui prévoit de les renvoyer dans ce pays européen.

Ainsi, depuis la mise en place de ces bornes, un nombre très important de personnes qui arrivent pour demander l'asile restent en situation irrégulière, sans aucun droit, dans l'attente de leur convocation à la préfecture, au terme de laquelle elles peuvent se retrouver embarquées vers un centre de rétention.

Fuyant les dictatures, la misère et parfois les guerres, elles se retrouvent donc ici dans des conditions très précaires ou à la rue, se débrouillant comme elles peuvent pour se nourrir, s'habiller et s'abriter. L'État espère peut-être enrayer l'afflux de réfugiés en ne prenant pas les mesures nécessaires à leur prise en charge, laissant de fait les associations et les collectivités locales s'en occuper.

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