Établissements de réinsertion scolaire : Dresser plutôt qu'éduquer ?17/11/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/11/une-2207.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Leur société

Établissements de réinsertion scolaire : Dresser plutôt qu'éduquer ?

Après avoir été accueillis le 8 novembre dernier au centre Élie-Montboisse, centre de vacances situé à Portbail dans la Manche, et aménagé pour accueillir un établissement de réinsertion scolaire (ERS), huit collégiens de Seine-Saint-Denis ont été renvoyés après de nombreux incidents.

Des incidents similaires ont éclaté dans un autre établissement de réinsertion scolaire installé dans l'enceinte du collège Volney à Craon, en Mayenne. Quatorze élèves avaient effectué lundi 8 novembre leur rentrée dans le cadre de ce dispositif, encadrés par huit adultes. Dès le lendemain, certains prenaient violemment à partie des collégiens. Suite à cela, les enseignants exerçaient leur droit de retrait, réclamant la fermeture de l'ERS. Enfin le 16 novembre, ce furent cette fois les parents d'élèves qui prolongèrent l'opération « collège vide », afin d'obtenir plus de moyens pour l'ERS.

Aussitôt les incidents connus, le ministre de l'?Éducation nationale Luc Chatel, en adepte de la méthode Coué, est monté au créneau pour défendre ce qu'il a qualifié de « formidable projet », ajoutant-: « Ce qui s'est passé à Craon en Mayenne est évidemment regrettable et je regrette personnellement ces incidents. Mais cela justifie pleinement le dispositif des établissements de réinsertion scolaire. »

Ces ERS, des internats regroupant pendant un an un petit nombre d'élèves âgés de 13 à 16 ans ayant fait l'objet de multiples exclusions, envoyés ainsi loin de chez eux, ont été lancés par Sarkozy au printemps dernier. Il voulait montrer qu'il agissait, au lendemain des violences qu'avaient connues certains collèges et lycées, tout en caressant son électorat réactionnaire dans le sens du poil ; grâce à son action, ces jeunes en difficulté assimilés à de la « graine de délinquants » allaient enfin retrouver le sens de la discipline, enfermés dans un internat.

Mais envoyer ainsi des jeunes de Seine-Saint-Denis dans un collège de la Mayenne, accompagnés d'une réputation quelque peu sulfureuse, c'est déjà les mettre dans la situation inconfortable d'être montrés du doigt par les autres collégiens dits normaux. C'est donc faire preuve d'une absence totale de bon sens et, comme l'ont dit poliment les enseignants du collège Volney, ce projet a été « bâclé ». Mais en plus, ces collégiens n'étaient encadrés que par de jeunes adultes assurant leur service civique, sans formation aucune !

Et pendant que le gouvernement fait semblant d'agir avec ses ERS, il continue à supprimer des milliers de postes d'enseignants, entraînant l'augmentation des effectifs par classe et la suppression des cours qui étaient assurés en petits groupes. Autant de postes qui seraient nécessaires pour aider tous les jeunes en difficulté scolaire.

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