Lycée professionnel Savary - Wattrelos (Nord) : Ceux qui tailladent dans l'Éducation17/11/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/11/une-2207.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Leur société

Lycée professionnel Savary - Wattrelos (Nord) : Ceux qui tailladent dans l'Éducation

Le mercredi 10 novembre, au lycée professionnel Savary de Wattrelos dans la banlieue de Roubaix, un ancien élève est rentré dans l'établissement et a agressé un élève dans les couloirs en lui donnant un coup de couteau. La cause de cette bagarre serait un différend amoureux.

Le lycée accueille des élèves en situation difficile, dont les parents sont touchés de plein fouet par le chômage, depuis des années voire des décennies. Pour beaucoup, la cantine du midi est le seul repas copieux de la journée. La violence des quartiers où habitent les élèves s'exprime dans les classes, souvent entre élèves et parfois vis-à-vis des enseignants. Cependant, le fait d'avoir des classes qui ne dépassent pas vingt élèves permet de gérer les conflits et d'enseigner. De plus, la structure relativement petite de l'établissement, 250 élèves, rend l'ensemble vivable. Chaque adulte connaît assez vite l'ensemble des élèves du lycée et n'hésite pas à lui faire une remarque dans le couloir, même s'il ne l'a pas en classe.

L'agression a choqué l'ensemble du personnel et des élèves mais, après avoir appris que la vie de l'élève n'était pas en danger et qu'il n'aurait pas de séquelles, de nombreuses discussions ont commencé.

La semaine précédant l'agression, nous avions appris que l'État ne finançait plus les deux contrats aidés qui étaient pourtant promis et pour lesquels l'arrivée des personnes sélectionnées était imminente. Un de ces contrats aidés aurait justement dû être consacré à la surveillance. « Il faudra combien de coups de couteau pour avoir plus de surveillants ? », a-t-on entendu.

Suite à la médiatisation de l'agression, la recteure de l'académie avait annoncé dans la presse du 11 novembre qu'elle organiserait une cellule d'aide psychologique pour le lycée. En fait, le vendredi 12, elle s'est installée dans la salle des professeurs avec ceux-ci, tandis que les élèves étaient parqués dans des salles de cours avec les surveillants. Les agents administratifs, d'accueil ou d'entretien, eux, n'ont eu ni un bonjour, ni un mot.

Dans cette rencontre où la recteure pensait « nous assurer de son soutien dans notre métier difficile », d'emblée un autre ton a été donné, dénonçant toute la politique de destruction de l'éducation : la formation bâclée, voire inexistante, des nouveaux profs stagiaires, les suppressions de postes, le manque de personnel d'encadrement, les collègues contractuels mal payés, que le rectorat balance d'un établissement à l'autre. Une politique qui ne peut qu'entraîner des difficultés toujours plus grandes pour enseigner et l'immixtion, de plus en plus, de la violence dans les établissements.

La recteure a alors changé de discours, passant de la justification des coupes budgétaires aux menaces. Selon elle, elle est redevable de l'argent des impôts dans l'éducation et c'est pour cela que des lycées devraient disparaître et qu'elle « serait obligée de faire du bûcheronnage »(sic). Et de déclarer que 25 établissements de la région seraient examinés et que celui de Wattrelos n'était pas sur la liste des établissements supprimés en 2011 et en 2012. Et en 2013 ? Pas de réponse, mais nous serions soumis à des objectifs !

Une cellule d'aide psychologique de ce genre montre surtout que le ministère n'a que faire de l'éducation et même de la sécurité des jeunes. Et il faudra lutter pour que l'argent des impôts aille bien aux services publics, notamment pour donner des moyens humains supplémentaires dans les écoles.

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