Continental-Clairoix : Contre les remises en cause de la direction : La riposte des travailleurs17/11/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/11/une-2207.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Dans les entreprises

Continental-Clairoix : Contre les remises en cause de la direction : La riposte des travailleurs

Le 10 novembre au matin, deux cents travailleurs bloquaient à Roissy les entrées de l'hôtel où devait se tenir une réunion entre la direction de Continental France et les délégués syndicaux centraux. La direction a ainsi été contrainte d'annuler la réunion et de revenir sur les baisses de salaires et les autres attaques qu'elle avait initiées.

En effet, les 900 travailleurs de Continental-Clairoix en congé de mobilité, toujours salariés du groupe, avaient reçu fin octobre une paye amputée de 65 à 130 euros. Jusque-là, pendant les neuf premiers mois du congé de mobilité de 24 mois, élément essentiel de l'accord de fin de conflit conclu avec les représentants des travailleurs de Clairoix, Continental était dispensé de payer des cotisations sociales. Mais cet accord stipulait qu'à partir d'octobre 2010, Continental devait payer tant les cotisations sociales patronales que salariales, afin que le salaire net des salariés ne bouge pas au-delà de cette période. Et c'est ce qu'avait remis en cause la direction du groupe, en opérant ces prélèvements sur les salaires.

Mais ce n'était qu'un début puisqu'après cela, la direction de Continental convoquait les délégués syndicaux centraux, nommés par les fédérations syndicales, en vue de faire amender l'accord de fin de conflit du 25 juin 2009.

Or, pendant le conflit, la condition préalable à toute discussion avait été que tout serait discuté et signé entre la direction internationale du groupe Continental, d'un côté, et de l'autre les seuls représentants des travailleurs de Clairoix, librement choisis par eux. Cela excluait donc les fédérations syndicales et les délégués syndicaux centraux nommés par elles, de même que les représentants syndicaux de l'usine de Sarreguemines, pour une part sous l'influence de la direction. Celle-ci ne voulait donc pas seulement faire avaliser la remise en cause du maintien des salaires, mais ouvrir la voie, pour l'avenir, à toutes les remises en cause possibles.

Or, les syndicats sur lesquels la direction Continental pensait peut-être pouvoir s'appuyer viennent de subir un cuisant revers. À Clairoix d'abord, la liste présentée par le Comité de lutte a recueilli près de 70 % des voix, mais à Sarreguemines aussi, où 1 300 salariés viennent de sanctionner les syndicats les plus compromis avec la direction dans son projet d'augmenter le temps de travail de 10 % sans rémunération. Ainsi la CFTC a perdu deux tiers de ses élus au Comité d'entreprise qu'elle dirigeait.

Les travailleurs de Clairoix ont très bien compris les objectifs de la manoeuvre de la direction. Elle se place dans le cadre de l'offensive contre leurs camarades de Toulouse et de sa région, mais aussi contre ceux d'Allemagne, qui eux aussi doivent résister aux diktats de la direction du groupe. Aussi, en même temps qu'ils informaient tous leurs camarades de Continental, jusqu'aux représentants syndicaux du groupe en Allemagne, les salariés de Clairoix se préparaient à l'action.

L'assemblée convoquée le 9 novembre réunissait 300 travailleurs qui décidaient coup sur coup d'une première manifestation le lendemain à Roissy, en s'engageant à monter à Sarreguemines la semaine suivante, en y restant le temps qu'il faudrait, si la direction du groupe ne revenait pas en arrière sur tout.

La direction a pu constater en direct qu'il ne s'agissait donc pas de bluff. C'est pourquoi elle a annulé la réunion du 10 novembre et prié les délégués syndicaux centraux de rentrer chez eux, puis elle a accepté une réunion avec le seul Comité de lutte et les représentants syndicaux de Clairoix signataires de l'accord.

Là, après quelques péripéties, elle annonçait s'engager à signer un premier avenant qui exclurait définitivement la possibilité de réunir les délégués syndicaux centraux sur tout ce qui touchait aux travailleurs de Clairoix. Puis, dans la foulée, un deuxième avenant qui garantirait de façon définitive les salaires des travailleurs de Clairoix, avec le remboursement des retenues opérées. La rédaction finale devant se faire le 1er décembre.

Certes, jusque-là rien n'est définitif. Mais ce recul est à mettre au crédit de la mobilisation des travailleurs de Clairoix et au soutien moral des autres travailleurs du groupe, tant il est vrai que les 150 000 travailleurs de Continental ont des intérêts communs à défendre. Le passé l'a montré, l'avenir devrait le montrer encore.

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