Birmanie : Libération d'Aung San Suu Kyi, Total, soutien du régime militaire17/11/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/11/une-2207.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Dans le monde

Birmanie : Libération d'Aung San Suu Kyi, Total, soutien du régime militaire

Le 13 novembre, l'opposante au régime militaire birman Aung San Suu Kyi, assignée à résidence à plusieurs reprises, dont la dernière depuis sept ans, a été libérée par la junte. Cela vient quelques jours après des élections qui ont été une farce, remportées par les représentants de la junte militaire.

C'est probablement en se sentant ainsi renforcés que les militaires ont estimé pouvoir libérer l'opposante. Il est vrai que celle-ci reste bien loin d'être libre de ses mouvements et de son expression, et que des milliers d'opposants sont toujours emprisonnés dans le pays.

Il y a vingt, ans le régime des généraux avait déjà tenté de se légitimer par des élections. Mais, à l'époque, ses candidats avaient été battus à plate couture par la Ligue nationale démocratique d'Aung San Suu Kyi, qui avait obtenu 80 % des voix. Ensuite venaient deux partis d'ethnies minoritaires, et après seulement le parti des généraux. L'armée avait donc cassé les élections, mis celle qui venait de l'emporter en résidence surveillée et maintenu sa dictature.

Les généraux auraient sans doute préféré faire disparaître Aung San Suu Kyi, mais ce n'était pas simple car celle-ci est la fille de celui qui est considéré comme le père fondateur de la Birmanie indépendante, après la Seconde Guerre mondiale. D'autre part, le prix Nobel de la paix qu'elle a reçu et la notoriété qui en découle lui assurent une protection.

La libération de l'opposante a été saluée par un concert de louanges internationales, mais en fait la Birmanie n'était pas vraiment au ban des nations, même si certaines sanctions économiques ont même été décidées contre elle. La Chine - vilipendée pour cette attitude - a toujours soutenu le régime de la Birmanie, avec qui elle a une longue frontière commune. L'Inde, elle aussi limitrophe, pour faire contrepoids à la Chine a accueilli en grande pompe le principal général birman en juillet dernier. Et puis, concernant la France, il y a le trust pétrolier Total.

Bien que le pays ait de vastes possibilités de développement, ce qui compte est d'abord ce qui peut rapporter de l'argent aux généraux, essentiellement l'opium, les rubis et le gaz naturel, la principale ressource minière. La population vit misérablement et le travail forcé imposé par les militaires est une donnée traditionnelle. La découverte d'un très important gisement de gaz naturel en mer et la mise en service d'un gazoduc en 2000 auraient permis aux généraux de gagner trois milliards de dollars depuis le début, exactement 350 millions par an, selon la direction de Total. C'est pour la dictature un apport inestimable qui sera peut-être suivi par d'autres, car il y aurait d'autres gisements de gaz.

Les opposants au régime, Aung San Suu Kyi en tête, ne cessent donc de dénoncer les investissements qui, selon eux, ont fait passer la Birmanie d'une « narcodictature » à une « gazodictature ». Les médias français, qui se réjouissent de la libération d'Aung San Suu Kyi, ont été particulièrement peu bavards à propos des agissements de Total. Quant à Sarkozy, il a été d'une discrétion absolue !

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