Après le G20 de Séoul, la spéculation continue de plus belle17/11/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/11/une-2207.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Dans le monde

Après le G20 de Séoul, la spéculation continue de plus belle

À en croire nos gouvernants, le gros de la crise serait passé et la France irait vers une nouvelle époque de stabilité et de croissance économique. Christine Lagarde s'est félicitée, au G20 qui se tenait à Séoul en Corée du Sud les 11 et 12 novembre, de la croissance de 0,4 % du produit intérieur brut (PIB) français au troisième trimestre. Selon elle, cela « consolide l'entrée dans l'après-crise ».

Ce G20 réunissait les représentants des vingt économies les plus puissantes du monde. Censée régulariser la globalisation économique et financière et mettre fin au désordre monétaire, cette réunion a surtout montré la fragilité des relations économiques et les divisions entre les grandes puissances, États-Unis contre Chine ou Union européenne. Pas question d'envisager des mesures de contrainte. Comme l'a dit le secrétaire d'État américain au Trésor : « On est dans le monde réel, un univers d'États souverains. »

Après quelques bonnes paroles sur la croissance partagée et l'aide au développement, ce G20 a adopté une décision : confier au Fonds monétaire international (FMI) la création d'un groupe de travail chargé d'élaborer pour le printemps prochain un ensemble d'indicateurs permettant d'évaluer la dangerosité des déséquilibres commerciaux. Voici le jugement d'expert émis par un analyste financier : « Le discours du G20 est une farce d'un ministère mondial de la propagande. » Et Sarkozy, qui a pris la présidence du G20 pour un an, parlant de « rassembler par le dialogue » et de jeter « les bases des réformes structurelles dont le monde du 21e siècle a besoin », y est allé de ses phrases creuses.

Car dans les faits les grandes puissances, comme les grands groupes économiques, continuent à s'affronter. La crise et les mesures de sauvetage financier n'ont pas mis fin à la concurrence. La spéculation continue de plus belle, alimentée par les milliards que les États ont fournis aux institutions financières, banques, assurances, grandes entreprises industrielles et commerciales. Elle se déchaîne une nouvelle fois en spéculant sur la dette des États, les matières premières et les monnaies.

Le début de l'année 2010 avait vu la spéculation s'attaquer à la dette grecque et menacer d'acculer à la banqueroute ce pays de la zone Euro. L'euro est certes une monnaie commune, mais cela n'empêche pas les prêteurs de faire varier le taux d'intérêt qu'ils exigent, en fonction de la solidité financière supposée de l'État emprunteur. Ainsi aujourd'hui l'Allemagne emprunte à 2,47 %, la France à 2,91 %, le Portugal à 6,96 %, l'Irlande à 8,31 %, et la Grèce à 11,41 %. Aujourd'hui c'est l'Irlande, affaiblie par un déficit budgétaire atteignant 32 % du PIB, qui est dans la ligne de mire des spéculateurs.

D'autre part, la spéculation a repris sur les matières premières, si tant est qu'elle ait jamais faibli. Depuis mai dernier, le cours du maïs a augmenté de 50 % à la Bourse de Chicago, celui du cuivre de 26 % à Londres. Après une période où les cours tournaient autour de 80 dollars le baril, le pétrole brent s'approche maintenant des 90 dollars. Les États eux-mêmes y mettent la main. Ainsi la Réserve fédérale américaine a enclenché un plan visant à injecter 600 milliards de dollars dans l'économie : mais ces milliards serviraient en priorité à spéculer sur les matières premières agricoles, avec le résultat prévisible d'affamer toute une partie des peuples du Tiers Monde.

Une bonne partie de cette spéculation se fait à travers les hedge funds, ces fonds spécialisés dans les spéculations à risque. Comme la plupart de ces fonds sont basés dans des paradis fiscaux, l'Union européenne avait menacé de leur interdire la vente en Europe. Au final, les pressions des hedge funds et des politiciens opposés à la régulation ont fait que rien ne changera pour eux d'ici 2015 ou 2016. On s'est contenté de leur imposer de fournir quelques informations sur leurs activités, sans même limiter leur endettement.

Comme pour illustrer l'échec du G20 à stabiliser les marchés, le jour même de sa clôture, les Bourses et les marchés d'actions chutaient tous ensemble, en particulier ceux de Shanghaï qui ont perdu 5 % parce que l'inflation réelle dépasserait en Chine les 11 %.

Parler de reprise dans ces conditions, c'est bien une farce. Raison de plus pour que les classes populaires des différents pays refusent d'en être les dindons.

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