La crise financière touche l'Irlande : Une aubaine pour la bourgeoisie parasitaire17/11/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/11/une-2207.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Dans le monde

La crise financière touche l'Irlande : Une aubaine pour la bourgeoisie parasitaire

Quelques déclarations, lors de la réunion du Conseil de l'Europe fin octobre, sur la façon dont il serait possible dans l'avenir, après 2013, de prévenir la faillite d'un État de la zone Euro, en mettant éventuellement à contribution les organismes prêteurs, auront suffi. Les « marchés financiers », c'est-à-dire les grandes banques d'affaires qui tirent une bonne partie de leurs profits des emprunts d'États, se sont inquiétés et ont déclenché une nouvelle tourmente financière en Europe, tourmente qui a immédiatement fragilisé l'euro.

SPECULER CONTRE LES ÉTATS ET LEUR FAIRE PAYER LES RISQUES !

Les « marchés financiers », ce sont les grandes banques d'affaires, sociétés d'assurances, fonds d'investissements, parfaitement identifiés, qui ont pignon sur rue. En France, il s'agit entre autres du Crédit Agricole, de la Société Générale, la BNP, Natixis, etc. Ces banques, qui prêtent de l'argent aux États et spéculent sur leur capacité à rembourser, voudraient que ces mêmes États continuent à éponger toute perte éventuelle en cas de mauvais pari, comme cela s'est fait jusqu'à présent. L'idée de devoir payer, même un peu, les indispose.

Pour l'instant le Fonds européen de stabilisation financière, FESF, mis en place suite à la crise grecque, doté de 750 milliards d'euros par les États européens et le FMI, permet aux États européens qui seraient en difficulté d'éviter la faillite et de payer leurs dettes, c'est-à-dire de sauver la mise de ces mêmes banques prêteuses. Mais ce fonds ne doit exister que jusqu'en 2013. Un nouveau mécanisme, encore à l'état de déclarations d'intention, doit le remplacer dans trois ans et pourrait alors mettre à contribution les organismes prêteurs.

Mais, pour apaiser l'inquiétude de ces institutions financières suite à l'évocation de cette hypothèse, c'est-à-dire pour obtempérer aux moindres désirs des grandes banques, les ministres des Finances des cinq principaux pays de l'Union européenne ont ensuite promis que le nouveau mécanisme ne s'appliquera qu'aux dettes créées après 2013. Cela n'a calmé le jeu que quelques jours, avant que la spéculation sur la dette irlandaise reparte de plus belle.

LA DETTE: NOEUD COULANT QUI ETRANGLE LES PEUPLES POUR SAUVER LES PROFITS

Si l'Irlande est ainsi aujourd'hui au coeur de la tourmente, c'est que l'État irlandais s'est considérablement endetté pour commencer à éponger les pertes abyssales des banques irlandaises dans la spéculation immobilière. En raison du coût fantastique de ce sauvetage, le déficit budgétaire de l'État irlandais a atteint 32 % du PIB en 2010. Si on retranchait les sommes offertes aux banques, le déficit ne serait que de 12 % du PIB. C'est dire à quel point le système financier est parasitaire : il aspire aujourd'hui l'essentiel des richesses du pays !

Prévoyant que l'État irlandais devra à nouveau emprunter, les fameux « marchés financiers » se sont par avance garantis contre d'éventuelles pertes qu'ils auraient à subir à cause de la nouvelle réglementation, augmentant dès maintenant leurs taux d'intérêt qui sont montés jusqu'à 9 % !

Cette augmentation record des taux d'intérêt n'est pourtant que virtuelle car le gouvernement irlandais, qui avait déjà largement emprunté, n'a pas besoin de le faire dans l'immédiat. Le ministre des Finances a dit avoir suffisamment de réserves jusqu'en juin prochain et a affirmé n'avoir nulle intention de demander l'aide du Fonds de stabilisation.

Mais les « marchés » ne l'entendent pas de cette oreille. Ils veulent obliger l'Irlande à emprunter quand même, ne serait-ce qu'à travers l'appel au Fonds de stabilisation. Car d'une part ce sont toujours ces mêmes marchés financiers qui alimentent le Fonds de stabilisation et touchent évidemment des intérêts, qui ne se montent certes pas à 9 %, mais des intérêts tout de même. Et puis surtout, si le gouvernement irlandais emprunte au Fonds de stabilisation, celui-ci pourra lui imposer de pressurer plus encore la population pour satisfaire l'appétit insatiable des créanciers. Il s'agit de resserrer encore le noeud coulant qui étrangle l'Irlande.

L'État irlandais n'a pas besoin de cet emprunt pour l'instant mais les ministres des Finances européens, réunis à Bruxelles, ont commencé à discuter de la meilleure façon de satisfaire les marchés financiers. Sous la pression, le ministre des Finances irlandais a commencé à admettre de faire appel au Fonds pour renflouer ses banques ! Le journal Les Échos constate ainsi que « la balle n'est pas dans le camp des gouvernements, mais dans celui des marchés financiers ».

EXPROPRIER LES BANQUES : UNE MESURE DE SALUT PUBLIC

L'Irlande comme la Grèce ne sont que des exemples particulièrement démonstratifs du parasitisme des détenteurs de capitaux. Le système financier est à l'évidence l'aspirateur qui permet à la bourgeoise de siphonner une très grande partie des richesses produites. Les dettes des États permettent d'opérer une véritable transfusion, via les banques, en direction de ces possesseurs de capitaux. Ceux-ci n'investissent plus dans la production, mais accroissent tout de même leur richesse en prélevant une part de plus en plus importante des richesses produites. Toute la société s'appauvrit alors que la bourgeoisie parasitaire prospère.

Il faudrait arrêter d'urgence l'hémorragie, arrêter de jeter des milliards à fonds perdus dans le système financier. Il faudrait exproprier les banques, sans indemnité ni rachat, les fusionner en une seule banque, facilement contrôlable par les employés et la population, et ainsi pouvoir orienter l'argent vers la production de tout ce qui manque pour satisfaire les besoins de la majorité. À l'heure actuelle, le système financier ponctionne sans retenue les richesses de toute la société pour en faire profiter une minorité de riches bourgeois. Un système bancaire unifié, sous le contrôle de la population, sera un objectif vital pour les luttes à venir de la classe ouvrière.

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