Maternités : Naître là où c'est rentable30/04/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2178.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Maternités : Naître là où c'est rentable

Les manifestations et pétitions contre des fermetures de maternités continuent çà et là, comme à Aix-les-Bains, à Decize dans la Nièvre ou Valréas dans le Vaucluse. Elles sont pourtant aujourd'hui bien moins nombreuses que par le passé car, malgré la résistance de la population, les restructurations projetées par le ministère de la Santé ont été largement réalisées.

En 2001 il y avait environ 680 maternités en activité. Elles ne sont plus que 550. 110 ont fermé, et une trentaine se sont TransformBées en centre périnatal, en centre de soins ou en établissement gériatrique.

Pour justifier les fermetures, les autorités avançaient la sécurité des accouchantes et la qualité des soins, en même temps que la rationalisation des coûts. Mais avoir un personnel médical compétent et disponible, c'est aussi une question de gros sous. Il faudrait former plus de gynécologues obstétriciens. Les maternités coûtent plus cher et sont moins rentables. C'est ce que montre le désengagement du secteur privé qui, entre 2001 et 2008, a fermé 90 maternités (sur 260), alors que le public en fermait 22.

Les économies dans la santé ont aussi un effet d'entraînement. Certaines fermetures résultent indirectement de suppressions de services de chirurgie ou de réanimation auxquels les maternités étaient adossées. Ainsi à Aix-les-Bains c'est la fermeture du service de chirurgie viscérale d'une clinique privée qui met en cause la maternité du centre hospitalier public.

La tendance est aujourd'hui à fusionner hôpital et clinique et à regrouper des services. C'est sans doute moins impopulaire que de fermer une maternité, mais cela ne règle pas tous les problèmes. Et, comme le dit le chef du service gynécologie-obstétrique de l'hôpital Saint-Antoine de Paris, « on n'a pas démontré que les regroupements dans de grands centres sont économiquement pertinents, ni qu'ils améliorent la qualité des soins ». Certains gynécologues dénoncent l'augmentation des naissances déclenchées et des césariennes qui résulte de cette « pratique industrielle ».

Le ministère se justifie en disant que 78 % de la population est à moins de 20 minutes d'une maternité, et 97 % à moins de 45 minutes. Mais ces temps de transport représentent des distances à couvrir dans l'urgence, par tous les temps, parfois en région montagneuse, dans une ambulance qui vient de loin. Ces minutes peuvent signifier la mort d'un bébé ou d'une mère.

Il est révoltant de fermer des maternités pour des raisons d'économies, alors que les naissances sont en augmentation et que les progrès médicaux permettraient d'en réduire encore les risques.

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