Pasqua devant les juges : Innocent, comme l'agneau...30/04/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2178.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pasqua devant les juges : Innocent, comme l'agneau...

Charles Pasqua comparaît devant la Cour de justice de la République, composée de trois magistrats et de douze parlementaires, seule apte à juger d'affaires dans lesquelles sont impliqués des membres du gouvernement.

Ce feuilleton judiciaire, qui se terminera le 30 avril, prend de plus en plus un air rocambolesque, avec un Pasqua père toujours aussi patelin, un Pasqua fils « bon garçon ». Parmi les témoins à charge, quelques-uns sont un peu amnésiques et une femme se plaint d'avoir été victime de pressions à la sortie du tribunal. Par-dessus le marché, la pièce maîtresse, un certain Étienne Léandri, a eu le bon goût de mourir en 1995.

Charles Pasqua doit répondre d'accusations de corruption à l'époque où il était ministre de l'Intérieur, entre 1993 et 1995.

Dans l'affaire du casino d'Annemasse, il est accusé d'avoir accordé à des proches l'autorisation d'ouvrir cet établissement, en échange d'une promesse de subvention pour une future campagne électorale. Cinq ans plus tard, comme par hasard, il recevait 7,5 millions de francs (1,14 million d'euros) issus de la vente de ce casino, pour sa campagne aux élections européennes. Ces faits hors période ministérielle lui ont déjà valu une condamnation à 18 mois de prison avec sursis, pour financement illégal d'une campagne électorale.

Dans l'affaire de la Sofremi, organisme du ministère de l'Intérieur chargé de vendre du matériel de police à l'étranger, il est accusé d'avoir favorisé la signature de contrats rapportant à un certain nombre de proches, dont son fils, des commissions équivalant à 5,4 millions d'euros.

Enfin dans la dernière affaire, c'est encore une accusation de corruption en échange d'un feu vert donné au groupe Alstom pour déménager le siège de sa branche transport.

Cette fois-ci, il risque au maximum dix ans de détention. On peut douter que la Cour de justice de la République aille jusque-là. Et Pasqua se défend : entre l'affaire Elf (1989-1993), celle de ventes d'armes à l'Angola (1993-1995), l'affaire Pétrole contre nourriture, il a une grande habitude de ce genre de situation. Il a dit d'ailleurs qu'il en a vu d'autres. Sa défense est classique : il est innocent, ignorant de tout, victime de la rapacité de son entourage, alors que l'argent n'a jamais été son ambition, enfin c'est une victime de règlements de comptes politiques.

Cette ignorance de ce que certains appellent « une forme institutionnelle de racket » ne peut que faire sourire quand on sait à quel point Pasqua est l'homme des réseaux souterrains, un habitué des situations opaques, particulièrement en politique. Il a commencé sa carrière comme responsable du SAC (Service d'action civique), le service d'ordre gaulliste qui s'est fait remarquer par sa violence, ses coups tordus et sa dérive vers des actions mafieuses. Il a continué, entre des périodes où, ministre de l'Intérieur, il se signalait par sa politique répressive contre les immigrés et les manifestants, et des périodes sans poste, où il plaçait son monde en Afrique, où toutes les affaires sont limpides, comme chacun sait.

Alors, « innocent »... aux mains pleines ?

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