Anciens mineurs marocains du Nord - Pas-de-Calais : Même travail, mêmes droits !30/04/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2178.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Anciens mineurs marocains du Nord - Pas-de-Calais : Même travail, mêmes droits !

Vendredi 23 avril, les anciens mineurs marocains ont démonté la tente qu'ils occupaient devant l'Agence nationale de garantie des droits des mineurs (ANGDM) à Noyelles-sous-Lens, après avoir déjeuné ensemble autour d'un veau aux olives. Le tribunal de Béthune avait exigé le démontage de cette tente, sous peine d'une astreinte de 500 euros par jour !

Depuis le mardi 13 avril, avec cette occupation, les manifestations à Lens et Liévin, les conférences de presse, ces anciens mineurs réclament publiquement de disposer d'un logement des mines gratuit, comme tous les autres mineurs !

En effet, quand les dernières mines ont fermé, les mineurs marocains en activité ont été lésés : le « plan social » ne prévoyait pas qu'ils aient logement et chauffage gratuits. Et aujourd'hui, alors qu'ils touchent de petites retraites, 500-700 euros, ils doivent payer des loyers importants, 650 euros par exemple, pour leur maison des mines.

À la fin de l'exploitation du charbon, les Charbonnages de France leur ont fait signer le rachat de leurs avantages en nature, alors que beaucoup ne savaient pas lire ce qu'ils signaient. Les Houillères étaient allées recruter les mineurs dans les années 1960 et 1970, dans le sud du Maroc, autour d'Agadir, Marrakech ou Ouarzazate. « Sélectionnés » par le recruteur des Houillères pour leur santé, leurs capacités physiques, ils descendaient au fond après une formation rapide. Ils étaient logés de façon ignoble dans ce qui était appelé des « camps de Marocains », à plusieurs par chambre, surveillés par des agents du consulat du Maroc à la solde de la dictature du roi Hassan II. À 18 ans, ils se retrouvaient dans le Nord - Pas-de-Calais ou en Lorraine à produire du charbon, apprenant le français au fond de la mine dans un mélange de chti, de polonais ou d'italien. Plus tard, certains sont repartis au Maroc, sans aucun droit, souvent malades.

C'est avec beaucoup d'émotion, pendant cette occupation de l'ANGDM, que certains racontaient comment des anciens étaient morts étouffés par la silicose, sans aucune aide médicale ou assistance de bonbonnes d'oxygène. D'autres étaient devenus complètement sourds, conséquence du bruit énorme au fond de la mine.

Malgré les menaces, les convocations au consulat, les mineurs marocains ont résisté. En 1980, après une longue grève, ils ont obtenu des droits. En 1987, après une grève de deux mois, un accord était signé par la direction et les syndicats, la CGT des mineurs en particulier. Mais cet accord prévoyait un plan de « reconversion » injuste, une fausse reconversion qualifiée par l'Association des mineurs marocains « d'arnaque ». Et aujourd'hui, les anciens mineurs marocains parlent à juste titre de discrimination.

Alors, les anciens mineurs mobilisés ont toujours la volonté de revendiquer la justice et l'égalité des droits. Au fond de la mine, comme l'un d'eux l'a dit, ils étaient tous noirs de poussière de charbon. Alors, pour tous, les mêmes droits ! Solidarité avec la lutte des anciens mineurs marocains !

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