France va-t-en-guerre : Quand la télé sert le boudin des légionnaires30/04/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2178.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

France va-t-en-guerre : Quand la télé sert le boudin des légionnaires

À l'approche du 30 avril, date à laquelle la Légion étrangère commémore la bataille de Camerone (Mexique), plusieurs médias, et notablement les chaînes France 2 et France 3, se sont mises en quatre pour vanter les mérites de la Légion, parfois jusqu'au ridicule !

La Légion étrangère existe depuis 1831. L'idée était de créer un corps d'armée qui contourne l'interdiction d'intégrer des étrangers dans l'armée française. D'emblée, elle fut un des leviers militaires de la France colonialiste. À peine créée, elle participait à la conquête de l'Algérie, puis à toutes les conquêtes coloniales qui ont suivi en Afrique noire ou en Indochine. C'est ainsi qu'elle eut sa part dans le fiasco de la tentative française, sous Napoléon III, de mettre la main sur le Mexique. C'est dans ce cadre que se déroula, le 30 avril 1863, le combat de Camerone, fêté comme une victoire par les légionnaires alors qu'il s'agit en fait d'une défaite, le haut fait d'armes étant que les légionnaires ne se sont rendus que lorsqu'ils n'étaient plus que trois valides !

Un documentaire, « Au cour de la Légion étrangère », entendait montrer aux téléspectateurs les différentes étapes du recrutement des membres de la Légion. 10 000 jeunes tentent, paraît-il, de l'intégrer chaque année, venant de tous les horizons, « du clochard au chef d'entreprise », selon la bande-annonce. L'entraînement éprouvant subi par les apprentis légionnaires est censé les protéger quand ils seront au combat. Mais cela n'a pas sauvé le légionnaire d'origine slovaque, Robert Hutnik du 2e Régiment étranger parachutiste (REP), 23 ans, tué en Afghanistan le 8 avril dernier.

La Légion étrangère prétend offrir une « seconde chance » à ceux qui auraient commis des fautes, voire des délits dans la vie civile, et qui trouveraient une sorte de rédemption en intégrant la « famille » légionnaire. C'est pourquoi elle accepte l'enrôlement sous un nom d'emprunt.

L'Association de défense des droits des militaires avait déjà dénoncé, photos à l'appui, des brimades subies par des légionnaires lors de leur entraînement ; une telle brimade a d'ailleurs coûté la vie d'un jeune légionnaire mort à Djibouti début 2009, après que son lieutenant l'eut frappé et privé d'eau.

L'association dénonce également la pratique du nom d'emprunt qui servirait surtout à « tenir les légionnaires ». Dans un entretien donné au site internet du Figaro, le président de l'association déclarait que « la légion fonctionne sur un système de pression. Les gars sont retenus par la force et la menace ». 95 % des légionnaires étant d'origine étrangère, ils ne disposeraient ni d'un titre de séjour, ni d'un permis de travail, seul leur engagement autorisant leur présence sur le territoire français.

Tout cela explique, peut-être, que 250 légionnaires désertent chaque année et que les médias du « service public » tentent ces jours-ci de redorer un blason plutôt terni. Au point que l'émission animalière « 30 millions d'amis » a consacré une séquence au caporal-chef Tapanar qui fêtait son 24e anniversaire de service au 2e Régiment étranger d'infanterie (REI). Il lui a alors été offert, en guise de gâteau, des carottes qu'il a d'autant plus appréciées que ce « caporal-chef » est un... des mulets de la Légion, vestiges des compagnies montées du 2e REI utilisées lors de la conquête de l'Afrique. Entre le mulet, les officiers de la Légion qui présidaient cette fête et la télévision, on se demande qui est le plus bête !

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