Kraft Foods : Payée pour licencier30/04/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2178.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Kraft Foods : Payée pour licencier

Pour avoir acheté Cadbury et préparé un plan de restructuration, dont les travailleurs devraient payer la note, la PDG du groupe Kraft Foods a eu une belle augmentation.

Kraft Foods, avec des marques comme LU, Côte d'Or, Carambar, Toblerone ou Cadbury, emploie près de 150 000 salariés. La PDG Irène Rosenfeld a vu ses revenus de 2009 augmenter de 40 %, pour un montant total de plus de 26 millions de dollars. Les actionnaires lui ont aussi accordé 4,2 millions de dollars pour sa retraite. Le tout représente ce que toucheraient pendant un an plus de 1 200 travailleurs payés à 1 500 euros par mois.

Les actionnaires ont de quoi être satisfaits de la gestion du groupe, dont les profits ont atteint en 2009 près de trois milliards de dollars, malgré la crise et une réduction des ventes. La PDG s'est engagée à maintenir les profits après l'achat du groupe Cadbury, qui a coûté plus de 14 milliards d'euros. Même pour un groupe de cette taille, c'est une somme importante - environ un tiers des ventes annuelles du nouvel ensemble.

La direction va donc faire payer la note aux travailleurs. Pour Cadbury, il n'a pas fallu attendre très longtemps : Kraft Foods a maintenu la fermeture d'un site anglais commencée par Cadbury, et qui concerne 400 travailleurs. D'autres économies seront faites en touchant à la retraite de milliers de travailleurs anglais, dont la plus grande partie est assurée par un système privé. Cadbury, qui fait cotiser ses salariés pour leur retraite, comme le proposent ici des banques ou des assureurs, a d'abord organisé une « consultation » de ses salariés britanniques pour obtenir le doublement de leurs cotisations de retraite. Ensuite, Kraft a demandé à ces salariés de choisir entre un gel des salaires pendant trois ans, et sortir du système de retraite de Cadbury.

Enfin, Kraft vient d'annoncer la revente d'activités de Cadbury en Pologne et en Roumanie. Le prétexte étant que la Commission européenne le leur aurait demandé pour ne pas fausser la concurrence, car Kraft Foods possède déjà des usines dans ces pays... où d'ailleurs il y avait déjà licencié. Cela revient à accélérer des restructurations, qui devraient rapporter près de 500 millions de dollars.

Enfin, chez LU, la direction a commencé l'été dernier à restructurer, avec la suppression annoncée de 170 postes. LU avait été racheté en 2007, avec la promesse de ne pas toucher aux emplois dans les usines pendant trois ans. Cela n'a pas empêché l'augmentation des cadences, ainsi que les suppressions de postes, faites en encourageant les départs et en ne remplaçant pas certains départs à la retraite. Et comme la promesse de ne pas toucher aux usines expire cette année, les travailleurs ont de bonnes raisons de se méfier.

Dans ce contexte, les 40 % d'augmentation accordés à la PDG et la volonté de maintenir les profits sonnent donc comme une provocation de plus pour l'ensemble des travailleurs du groupe.

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