À chaque fois, ou presque, qu'on lui tend un micro - et ces derniers temps les occasions n'ont pas manqué - Le Pen sort une nouvelle déclaration provocatrice, dont il s'est fait une spécialité. Ainsi, interrogé dans le cadre de l'émission Le grand jury RTL/LCI/ Le Figaro, il a pris la défense du régime de Vichy du maréchal Pétain, dont l'action aurait permis, a-t-il déclaré, à de nombreux Juifs d'éviter la déportation vers les camps de la mort mis en place par les nazis.

« Ce qui est assez remarquable dans l'histoire des Juifs d'Europe - il est mort hélas trop de Juifs, mais 29 000 Juifs français et au total 80 000 morts ou disparus résidents - c'est que, si on compare cela aux communautés juives de Belgique, Hollande, Danemark, on s'aperçoit que les Juifs français ont bénéficié, somme toute, d'une indulgence que leur a value l'action du gouvernement français. »

Aussi, à entendre le dirigeant du FN, les Juifs français ou étrangers résidant sur le territoire français devraient s'estimer heureux de n'avoir eu « que » 80 000 morts, d'avoir évité pire et de n'avoir pas été ni hollandais, ni belges.

Le nombre de victimes, et de victimes juives en particulier, a évidemment varié d'un pays à l'autre. On considère qu'il y a eu près de 6 millions de victimes juives durant la Seconde Guerre mondiale, dont 3 millions en Pologne, 700 000 en URSS, 130 000 en Allemagne, plus de 100 000 aux Pays-Bas, 80 000 en France. Ces chiffres reflètent des différences de situation, mais ne traduisent évidemment pas une mansuétude particulière du régime de Pétain, et encore moins sa volonté de protéger les Juifs des exactions nazies. Prétendre cela est un pur mensonge, contredit entre autres par le fait que par exemple la rafle du Vel' d'Hiv, commandée certes par les autorités d'occupation allemande, fut réalisée de bout en bout par la police française de Vichy, avec un zèle et une efficacité tels que les autorités allemandes ne cachèrent pas leur étonnement admiratif.

Un mensonge de plus, une nouvelle provocation de ce représentant de l'extrême droite, nostalgique d'une période où non seulement ont traquait les Juifs, mais aussi les communistes et les syndicalistes. Mais que peut-on attendre d'autre d'un politicien qui osait prétendre naguère que la France défendait la « civilisation » par les armes et la torture dans les pays colonisés, en particulier en Algérie, où il ne se contenta pas de sévir par la parole ?