La crise financière : Aide à la Grèce ou aide aux banques ?30/04/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2178.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

La crise financière : Aide à la Grèce ou aide aux banques ?

Depuis qu'une agence de notation a annoncé, le 27 avril, qu'elle dégradait la note qu'elle attribue à la Grèce, la plupart des Bourses ont recommencé à baisser, de même que la monnaie européenne, l'euro. Quelques jours auparavant, le 23 avril, le Premier ministre grec Georges Papandréou avait demandé publiquement le déblocage d'une aide de la part du Fonds monétaire international et de l'Union européenne.

Mais une fois de plus les dirigeants européens ne se sont hâtés que très lentement de décider d'aider la Grèce à faire face aux échéances de sa dette ; quitte à risquer de déclencher une nouvelle panique financière et de devoir accorder cette aide plus tard, mais en payant un prix nettement plus élevé aux spéculateurs.

En effet, compte tenu de la proximité d'élections régionales, la chancelière allemande Merkel puis son ministre des Affaires étrangères ont tenu à rappeler que le déclenchement de l'aide était subordonné à la présentation par la Grèce d'un « plan d'économies crédible ».

Quant à Christine Lagarde, pour la France, elle a proposé de prêter immédiatement 3,9 milliards d'euros de « solidarité » indispensable vis-à-vis d'un pays membre du « territoire de l'euro » ; mais a ajouté avec une certaine dose de mépris que cela « ne veut pas dire être complaisant ». En effet, comme le rappelait ironiquement l'économiste de France Inter Bernard Maris, « on ne peut pas faire à la Grèce les mêmes cadeaux qu'aux banques, parce que la Grèce n'est rien. Les dix plus grandes banques mondiales pèsent 2 000 milliards d'euros, et la Grèce 200 milliards ».

Mais ce n'est pas « la Grèce », et encore moins sa population, que les gouvernements français et allemand, et le FMI, seront sans doute contraints de soutenir. Ce sera bien, une nouvelle fois, les banques. Selon les calculs de l'une d'entre elles, Natixis, les banques, assurances et fonds d'investissement français posséderaient 16,8 % de la dette publique de la Grèce ; leurs homologues allemands, eux, « seulement » 9,5 %. Lesquelles créances seraient réduites à bien peu de chose en cas de faillite de l'État grec. Les banques françaises, les seules à détenir des filiales en Grèce, singulièrement la Société Générale, avec Geniki, et le Crédit Agricole, avec Emporiki, sont très « exposées », avec leur portefeuille de 54 milliards d'euros cumulés de « prêts risqués » accordés à des entreprises ou des particuliers grecs. Les banques allemandes, elles, auraient plus modestement investi dans cette aubaine 31 milliards d'euros.

Il n'y a aucune chance que l'aide débloquée serve les intérêts de la population, au contraire, puisqu'elle est conditionnée, explicitement, à des mesures brutales d'économies qu'elle seule supporte, en tant que salariés comme en tant que consommateurs.

En revanche, les banques et les fonds spéculatifs seront soutenus dans ce que les hommes de leur monde osent nommer des « risques », comme si c'étaient les banquiers et les actionnaires qui les supportaient, et non la population des pays concernés ! La baisse des Bourses n'est d'ailleurs que le biais par lequel les capitalistes rappellent qu'ils veulent de toute façon être assurés de toucher leurs intérêts. Quitte à provoquer un vent de panique pouvant faire s'écrouler tout le système.

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