La privatisation des ports se poursuit : Grutiers et dockers en lutte06/01/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/01/une2162.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La privatisation des ports se poursuit : Grutiers et dockers en lutte

Lundi 4 janvier les dockers et grutiers des sept ports autonomes (Marseille, Le Havre, Bordeaux, La Rochelle, Dunkerque, Nantes-Saint-Nazaire et Rouen) ont cessé le travail. Ils protestaient une nouvelle fois contre la privatisation des grands ports maritimes.

Le passage au privé de la gestion des ports est en fait engagé depuis longtemps, notamment depuis le changement de statut des dockers, en 1992. Les dockers avaient alors perdu tout droit de regard sur l'embauche et l'organisation du travail et leur nombre avait été fortement réduit. Dans les années suivantes le statut des ports, relevant jusque-là du secteur public, a été modifié pour qu'ils puissent concéder une partie du travail à des opérateurs privés. Mais les grutiers et les conducteurs de portiques manoeuvrant les conteneurs restaient employés par les ports autonomes, relevant toujours du secteur public.

La loi de juillet 2008, qui doit entrer en application au premier trimestre de cette année, va obliger à lancer des appels d'offres à des sociétés privées et à faire passer toutes les opérations et donc tous les grutiers et portiqueurs sous statut privé. Les travailleurs des ports craignent à juste raison que cette privatisation se traduise une nouvelle fois par une diminution du nombre d'emplois et une dégradation des conditions de travail.

La multiplication du nombre d'entreprises intervenant sur les ports sera, ou pas, une bonne affaire pour les patrons qui obtiendront des concessions. Mais elle vise surtout à abaisser les coûts de manutention en mettant fin aux statuts que le personnel a souvent acquis de haute lutte. La crise en cours et la réduction très importante du trafic maritime menaceront d'autant plus les emplois portuaires que les travailleurs seront séparés dans des entités indépendantes, relevant de statuts différents, voire de spécialités différentes. Car une entreprise pourra prendre en concession un seul quai, d'un seul port, destiné à un seul type de marchandises et les seuls ouvriers qui y travaillent.

Cette réforme donnera ainsi la possibilité aux patrons de s'en prendre aux travailleurs par petits groupes, en fonction des baisses conjoncturelles de trafic sur telle ou telle marchandise, plutôt que d'avoir à affronter tous les travailleurs du port, voire toute la profession. De plus le travail de déchargement des navires, dangereux par nature, va le redevenir plus encore à cause de la course au profit et de l'opacité due à la multiplicité des intervenants.

Les grandes compagnies maritimes, qui ont commandité cette réforme pour faire baisser leurs frais d'escale, seront les seules gagnantes. La réforme portuaire a d'ailleurs pour objectif avoué de rendre les ports français « compétitifs » par rapport aux autres ports européens. Gouvernement et patronat espèrent comme toujours obtenir ce meilleur rendement par la seule réduction du nombre des ouvriers et la dégradation de leurs conditions de travail.

Mais les 30 000 travailleurs des ports n'ont peut-être pas dit leur dernier mot. Malgré la loi qui, pour tenter de fractionner les réactions des ouvriers, contraint les syndicats à discuter port par port, ils seront à nouveau en grève tous ensemble lundi 11 janvier.

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