La «solution» du gouvernement au manque de logements sociaux : Devenez propriétaires, vous paierez à notre place06/01/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/01/une2162.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La «solution» du gouvernement au manque de logements sociaux : Devenez propriétaires, vous paierez à notre place

Selon le ministère de l'Écologie, l'année 2009 a été la pire depuis sept ans en ce qui concerne la construction de logements neufs, tous types de logements confondus. Avec moins de 300 000 mises en chantier, la construction a reculé de 19,2 % par rapport à l'année précédente. En ce qui concerne les logements sociaux, la situation est encore plus grave. 1 200 000 personnes sont en attente d'un logement en HLM, titrait Le Parisien du 5 janvier.

Mais pour Benoît Apparu, le secrétaire d'État au Logement, il n'est pas question d'augmenter la part de l'État dans le budget alloué au logement social, sous prétexte de ne pas creuser encore plus le déficit public - justification bien commode et maintes fois resservie lorsqu'il s'agit de ne pas faire des dépenses dans des domaines utiles à la population ! Pour dégager de l'argent, il propose donc que les organismes d'HLM mettent des appartements en vente dans des zones où la demande n'est pas « tendue » par rapport au parc existant, ce qui, dit-il, permettrait de construire des logements sociaux là où il y en a le plus besoin. Or, vu le manque criant de logements sociaux sur l'ensemble du territoire, les HLM pour lesquelles la demande est faible sont rares. Soit elles sont situées dans des villes où l'emploi est sinistré, ce qui a amené des habitants à déménager, soit elles sont dans un environnement tellement dégradé et sont elles-mêmes tellement dégradées que cela n'incite pas à y vivre.

Pour Apparu, si 40 000 logements étaient vendus, cela permettrait de dégager 2 milliards de fonds, soit « quatre fois plus que le montant des aides à la pierre ». Ce serait ainsi aux locataires des HLM de payer pour pallier les carences de l'État en matière de construction de logements, sans autre bénéfice pour eux que d'avoir le titre de « propriétaire ». En achetant leur logement, ils risquent fort de faire une mauvaise affaire, avec les dépenses supplémentaires occasionnées par le crédit à rembourser et les charges qu'ils devront supporter, d'autant plus élevées que l'état de nombre de HLM laisse à désirer.

Autre argument avancé par le secrétaire d'État : la vente de HLM faciliterait la « mixité sociale », des familles propriétaires de leur logement voisinant avec des locataires. Comme la plupart des acheteurs potentiels y vivent déjà, on ne voit guère où serait le changement. Et puis, si vraiment le but était la mixité sociale, pourquoi ne pas commencer par imposer à des communes comme Neuilly-sur-Seine de construire les 20 % de logements sociaux que la loi impose ?

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