Woerth et les évadés fiscaux - Le paradis (fiscal) : Chez soi06/01/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/01/une2162.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Woerth et les évadés fiscaux - Le paradis (fiscal) : Chez soi

Après avoir parlé, sans rien faire, de lutte contre les paradis fiscaux, le gouvernement ne pouvait faire moins que parler de faire revenir les capitaux qui y étaient partis. Mais le capital évadé est un curieux animal, d'autant plus craintif qu'il est massif. Il convient donc de ne pas l'effaroucher lorsqu'on veut le faire rentrer au bercail. Aussi le ministre du Budget, Woerth, avait-il mis en place une « cellule de dégrisement » visant à faire revenir en douceur, c'est-à-dire sans les taxer trop lourdement, les capitaux ainsi retournés à l'état sauvage.

Jusqu'au 31 décembre dernier, les fraudeurs pouvaient ainsi rapatrier leurs capitaux non seulement sans payer d'amende, mais même en négociant le montant de l'impôt qu'ils avaient à verser. Ce dispositif aurait permis d'encaisser 500 millions d'euros et de faire rentrer quelques malheureux milliards sur les cinquante à cent placés illégalement par des particuliers dans les paradis fiscaux. La plus grande partie des capitaux soustraits au fisc vont donc continuer à couler des jours heureux et à produire des rentes coquettes dans leurs paradis.

Le ministre a beau qualifier de « grand succès » cette opération et proposer de la proroger, son rendement est faible. Le gouvernement italien par exemple a fait beaucoup mieux : en n'étant pas curieux sur l'origine des capitaux et en instituant un prélèvement libératoire de seulement 5 %, il a réussi à faire rentrer au pays près de cent milliards d'euros. Mafieux, trafiquants et délinquants financiers en tout genre ont ainsi pu ramener l'argent au pays pour y développer sinon l'économie, du moins leurs affaires.

Sous couvert de lutte contre l'évasion des capitaux, les pays riches se livrent ainsi à une concurrence au moins disant fiscal. Pour les Woerth de tous les pays, la lutte contre les paradis fiscaux consiste à transformer leur propre État en paradis fiscal.

Étant bien entendu que la masse de la population doit continuer à payer l'impôt, l'État devant se donner les moyens de sa politique...

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