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Leur société
Ouverture à la concurrence : Le grand bluff
Ces dernières semaines, on a appris l'arrivée de nouveaux opérateurs privés sur le marché de ce que l'on appelait, il y a longtemps, le « service public ». Chaque fois on a entendu le même argument : plus de concurrence, ce serait bon pour les prix et donc pour le consommateur.
Un quatrième opérateur de téléphonie mobile, Free, arrive donc sur le marché que se partagent aujourd'hui Orange, SFR et Bouygues. Le géant Veolia annonce son arrivée imminente sur le marché du TGV international. Et la presse de ressasser, à chaque fois, à quel point les consommateurs et les usagers devraient se réjouir de cette « nouvelle donne », qui aurait pour conséquence quasi automatique de faire baisser les prix.
VRAIE FAUSSE CONCURRENCE
La libre concurrence, dans le capitalisme d'aujourd'hui, cela n'existe de toute façon pas vraiment. Combien d'affaires, ces dernières années, ont révélé des ententes parfaitement frauduleuses, mais courantes, entre les grands groupes capitalistes ? Ententes pour se mettre d'accord sur les prix (ce qui a été le cas, notamment, pour le trio Orange-SFR-Bouygues) ; ou ententes pour se partager les marchés - ce qui arrive fréquemment lorsque des entreprises doivent répondre à des appels d'offres lancés par des collectivités publiques. De telles pratiques ont notamment été pointées du doigt par la Cour des comptes dans le domaine des transports urbains. Alors, pour reprendre l'exemple de la téléphonie, ce n'est pas parce que Free a effectivement fait baisser le coût des abonnements internet qu'il en sera de même pour les téléphones mobiles. Là où les groupes capitalistes ont été capables de s'entendre à trois, ils seront tout aussi capables de le faire à quatre.
HAUSSE DES PRIX...
Dans la téléphonie, fixe ou mobile, dans le domaine du gaz et de l'électricité, dans celui des autoroutes, qui peut aujourd'hui oser prétendre que l'ouverture à la concurrence a fait baisser les prix ? Sur le marché « libre » de l'électricité, les prix se sont littéralement envolés. Et il suffit de se rappeler ce que représentait une facture de téléphone il y a quinze ans, et de comparer avec les délirantes factures actuelles, pour se convaincre que la « baisse des prix » qu'apporterait l'ouverture à la concurrence est une fable pour les enfants : entre 1994 et aujourd'hui, le seul prix de l'abonnement résidentiel de France Télécom est passé de 45 F (6,75 euros) à 16 euros... soit 137 % d'augmentation !
...ET UN SERVICE QUI SE DEGRADE
Parallèlement à ces hausses de prix, le service offert aux usagers (devenus « clients ») ne cesse de se dégrader. Et ce n'est qu'un début. L'exemple tristement célèbre des chemins de fer anglais en témoigne : les prix pour les usagers ont explosé depuis leur privatisation avec, en prime, plus d'accidents, plus de retards, plus de perturbations. Les capitalistes veulent bien encaisser des dividendes, mais n'ont aucune envie d'investir de l'argent pour améliorer les infrastructures ou ne serait-ce que les entretenir correctement. Il en ira immanquablement de même, en France, lorsque le transport, l'énergie, La Poste passeront définitivement aux mains du privé, comme l'ont fait avant eux la téléphonie ou les autoroutes.
Ce n'est certainement pas d'un progrès qu'il s'agit, mais bien d'une régression sociale à combattre.