Médicaments : Nous faire payer toujours plus12/02/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/02/une1854.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Médicaments : Nous faire payer toujours plus

Mattei, le ministre de la Santé, a entamé fin janvier le processus de déremboursement de 426médicaments nouveaux, suivant l'avis d'experts qui considéraient que le service médical rendu (SMR) était insuffisant.

Les 80 laboratoires qui les produisent ont un mois pour tenter de justifier leur cause sur ces spécialités. On connaît à l'avance le résultat de cet épisode: en juillet, la plupart de ces médicaments (fortifiants, veinotoniques, vasodilatateurs) ne seront plus remboursés par la Sécurité sociale.

En 1977, sous la présidence de Giscard d'Estaing, la ministre Simone Veil avait passé de 70 à 40% le remboursement de ce qu'elle qualifiait de "médicaments de confort", comme si atténuer les effets d'une maladie ou d'un trouble relevait simplement du confort ou du luxe! Plus de vingt ans après, sous le gouvernement "gauche plurielle" de Jospin, les services de Martine Aubry mettaient au point la notion de "service médical rendu" et dressaient une liste de médicaments à SMR "insuffisant", sans toutefois procéder au déremboursement. Mais cela préparait la suite.

"C'était une bonne idée, que je mets en oeuvre", déclare aujourd'hui Mattei. En mai 2003 déjà, le remboursement de 617 médicaments est passé de 65 à 35%, sous prétexte "d'efficacité thérapeutique modérée". Dès le mois suivant, on envisageait le déremboursement de 835 autres spécialités. Le 25 septembre, 82 médicaments n'étaient plus remboursés du tout et on apprenait que près de 600 autres, dont le SMR était jugé insuffisant, suivraient dans les deux ans.

L'étape suivante est prévue: en 2005. Le gouvernement s'attaquera alors aux médicaments qui ne sont délivrés que sur ordonnance et qui n'ont pas d'équivalent jugé meilleur. On ne prétextera peut-être même plus un SMR insuffisant ou modéré.

Mattei assure qu'il veut, de la sorte, sauver la Sécurité sociale et combler le "trou" abyssal qu'il invoque. Mais ces raisons, qu'on nous sert depuis des années, sont des prétextes pour augmenter la cotisation des salariés ou pour les taxer sur chaque ordonnance, sur chacun des médicaments achetés.

Le budget de la Sécu serait équilibré s'il n'y avait pas 3 millions de chômeurs, s'il n'y avait pas les dégrèvements dont bénéficient les patrons, et si l'on prélevait sur les milliards d'euros de profits de l'industrie pharmaceutique. Le gouvernement fait tout le contraire. Par exemple, il laisse toute liberté aux laboratoires de fixer les prix des nouveaux médicaments, supposés "innovants". Les médicaments déremboursés sont du même coup "déréglementés", et leur prix peut alors être fixé librement, et du coup risque d'augmenter dans de fortes proportions. Au point que certaines firmes accueillent favorablement le déremboursement.

En plus de permettre de continuer à exonérer les patrons de leurs charges sociales, cette politique fournit une clientèle aux assurances privées, qui draineront une clientèle qui aura les moyens de payer des primes lui assurant une couverture médicale que la Sécu n'assurera plus. Restera le choix entre payer plus ou ne pas se soigner.

Partager