Au meeting LO-LCR de Paris12/02/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/02/une1854.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Au meeting LO-LCR de Paris

"Contester le pouvoir absolu et incontrôlé des grands groupes industriels et financiers"

C'est devant une salle de la Mutualité archi-comble et enthousiaste que, vendredi 6 février, Olivier Besancenot et Arlette Laguiller ont pris la parole pour le premier meeting de la liste Lutte Ouvrière-Ligue Communiste Révolutionnaire qu'ils conduisent en Ile-de-France.

"Cette voix qui nous distingue de tous les partis politiques c'est la voix sociale", a déclaré Olivier Besancenot en ouvrant le meeting, ajoutant: "À ces élections, c'est la réalité sociale qu'on veut faire rentrer dans les urnes. Le terrain social est devenu un terrain glissant pour la gauche libérale, miné pour la droite et explosif pour l'extrême droite. Quand la question sociale est au rendez-vous, on y voit beaucoup plus clair en politique. On voit dans quel camp se situe vraiment le Front National. Pendant la mobilisation du printemps sur la question des retraités, cela n'a pas été très compliqué de voir où était Le Pen, c'est-à-dire clairement du côté du programme du MEDEF. Il n'était même pas pour travailler jusqu'à 65 ans. Il était pour 67, 70 ans, pour l'introduction immédiate des fonds de pension, l'instauration immédiate du service minimum avant de généraliser la remise en cause du droit de grève." (...)

"On nous dit que les profits d'aujourd'hui seront les emplois de demain. Ça fait vingt ans qu'on nous raconte la même chose. En dix ans, les exonérations patronales faites au nom de cette politique ont été multipliées par six. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'on n'a pas vu six fois moins de chômeurs en dix ans. On s'en serait rendu compte. Alors quand la droite, sans garantie vis-à-vis des entreprises, ou la gauche, avec demande de garantie, nous proposent la même politique, c'est particulièrement indécent, particulièrement scandaleux pour tous ceux qui subissent les plans de licenciement aujourd'hui. (...) Pour nous, ces subventions c'est le nerf de la guerre, c'est le moyen de pression le plus efficace dont on dispose aujourd'hui pour imposer aux actionnaires le maintien de l'emploi et de l'activité industrielle sur une région, sous peine de récupérer ces subventions. (...) C'est-à-dire aller chercher l'argent là où il est, dans les comptes en banque. Ce serait une mesure démocratique parce qu'elle impliquerait de publier enfin, dans les entreprises, les livres de comptes, de lever les différents secrets: bancaire, commercial, industriel. C'est pourquoi c'est utile d'avoir des élus révolutionnaires dans les conseils régionaux parce que c'est souvent là que cela se passe, d'abord pour dire la vérité aux travailleurs. Nous, ces subventions, on ne les a jamais votés et on ne les votera jamais. On ne l'aurait jamais fait ni pour Michelin, ni pour Danone, ni pour Moulinex." (...)

A son tour, Arlette Laguiller a dénoncé cette situation où "la gauche peut relayer la droite, puis la droite relayer la gauche", mais où "l'évolution générale va toujours dans le sens de la dégradation des conditions d'existence de la classe ouvrière". Elle a ajouté: "La justification principale de la liste LO-LCR dans les élections qui viennent est de permettre à l'électorat populaire de s'exprimer et d'exprimer son rejet de la politique menée, à tour de rôle, par la droite et par la gauche. C'est de permettre aux travailleurs d'affirmer qu'ils ne se laissent pas abuser par les alternances trompeuses et qu'ils n'acceptent plus d'approuver ceux qui les oppriment. Ces élections, destinées à élire des conseillers régionaux, bien que juridiquement locales, auront essentiellement une signification nationale. (...) Si les listes de la droite progressent, Chirac et Raffarin prétendront que c'est leur politique antiouvrière et réactionnaire qui est approuvée. Si c'est le Parti Socialiste qui progresse, ses dirigeants présenteront le résultat comme la démonstration que les électeurs de gauche ont oublié leur rôle passé au gouvernement. (...) Le choix offert aux électeurs est un faux choix! Si la gauche et la droite n'ont pas le même langage, c'est qu'elles ne s'adressent pas au même électorat, en tout cas pas tout à fait. Mais, une fois au gouvernement, elles gèrent les affaires du pays dans l'intérêt du grand patronat, avec des conséquences catastrophiques pour les classes populaires." (...)

"Il s'agit de contester le pouvoir absolu et incontrôlé des grands groupes industriels et financiers sur l'économie. Tous les maux des classes populaires, tous les maux dont souffre la société elle-même viennent en dernier ressort de ce que les décisions économiques sont prises par ces groupes industriels et financiers, sans que la population ait le moindre contrôle sur les décisions prises", a poursuivi Arlette Laguiller. Et de conclure: "Les intérêts égoïstes de la minorité de possédants doivent s'effacer devant les intérêts vitaux de la majorité de la population. Ce programme ne peut pas s'appliquer sans la participation active, consciente d'un grand nombre de travailleurs et de travailleuses. Cette participation ne surgira pas automatiquement du résultat des élections régionales, fut-il particulièrement important pour les listes d'extrême gauche. Mais un large vote en faveur d'un tel programme sera une façon, pour le monde du travail, d'exprimer ses choix sociaux, son opposition au fonctionnement de cette société. Et si ce vote en faveur des listes LCR-LO est important, cela contribuera à encourager tous les opprimés à préparer une lutte d'ensemble pour imposer un tel plan, pour arrêter la course sociale actuelle vers l'abîme".

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