Brésil : Le principal parti de droite entre au gouvernement de Lula12/02/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/02/une1854.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Brésil : Le principal parti de droite entre au gouvernement de Lula

Le président brésilien Lula vient de remanier son gouvernement. Il y a fait entrer le Parti du Mouvement Démocratique Brésilien (PMDB) et notamment le leader de ce parti au Sénat.

Le PMBD avait été dans les années 1970 le premier parti d'opposition autorisé par la dictature militaire. Il regroupait alors toute l'opposition parlementaire, de certains partisans déçus du putsch militaire de 1964 jusqu'aux différents partis communistes se réclamant soit de la bureaucratie stalinienne de l'URSS, soit du maoïsme. Chaque courant reprit son indépendance en 1985, après le retour au parlementarisme.

Les politiciens qui sont alors restés dans le PMDB représentent une droite liée à la bourgeoisie, politiquement plutôt modérée. Ce qui ne l'empêche pas d'abriter bon nombre de caciques, véritables potentats dans leur région ou leur État, comme par exemple l'ex-président Sarney, dont le clan "tient" l'État du Maranhao. Le PMDB a été depuis 1985 l'axe de la plupart des gouvernements brésiliens: il est présent dans l'ensemble du pays et un grand nombre de maires et de parlementaires se réclament de lui.

Un ministre appartenant au PMDB était déjà présent en tant que spécialiste dans le gouvernement, désigné par Lula. Et bien que ce parti ait fait campagne en 2003 pour José Serra, rival de Lula lors de la dernière élection présidentielle, une partie de ses chefs avaient affiché leur préférence pour le dirigeant du PT. Mais désormais le PMDB a officiellement deux ministres, celui de la Sécurité sociale et celui de la Communication.

Le ministère de la Sécurité sociale a, sous sa responsabilité, l'ensemble des questions de santé et de retraites. Juste retour des choses, c'est en particulier grâce aux voix des parlementaires du PMDB que les "réformes" antiouvrières de la Sécurité sociale et des retraites sont passées. Ce remaniement ministériel n'est donc même pas un tournant à droite dans l'action gouvernementale, mais la confirmation d'une convergence réactionnaire.

Quant au ministre de la Communication, il devrait représenter au mieux les intérêts des patrons de presse et de télévision, étant lui-même propriétaire d'au moins trois radios.

D'autres changements à l'intérieur du gouvernement sont mineurs. Les ministres responsables des universités et du programme Faim Zéro sont remplacés, ce qui ne signifie pas que l'État va consacrer plus d'argent à combattre la famine et à développer l'enseignement supérieur. On change les hommes, pas la politique.

En fait, Lula est en train de modeler un gouvernement réunissant tous les secteurs politiques de la bourgeoisie brésilienne. Il lui reste encore à associer officiellement le PSDB de l'ex-président Cardoso, et quelques partis plus à droite encore. Mais il peut compter sur eux pour l'aider à imposer aux couches populaires une politique d'austérité renforcée. Bien peu de voix s'élèveront désormais au Parlement contre celle-ci, même par démagogie.

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