Les mesures antiouvrières de la droite... déjà préparées par la gauche12/02/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/02/une1854.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les mesures antiouvrières de la droite... déjà préparées par la gauche

Depuis son arrivée, le gouvernement Chirac-Raffarin mène sur tous les fronts des attaques contre les travailleurs et les plus pauvres. Mais, quel que soit le domaine dans lequel il s'en prend à la population, il ne fait au fond que poursuivre une politique déjà mise en oeuvre par les gouvernements précédents. Et bien des dossiers aujourd'hui abordés ont été préparés par des gouvernements dits de gauche.

Santé...

Avant tout le fameux "trou" de la Sécurité sociale a été le prétexte au relèvement des cotisations, dont le taux est passé de 10,2% à 13,45% pour les salariés, entre 1980 et 1993, tandis que la part patronale baissait dans le même temps de 34,6% à 30%. En outre, la CSG (Contribution sociale généralisée) a vu le jour en 1990, sous le gouvernement Rocard. Elle est supportée en majeure partie par les salariés, les retraités et les chômeurs, qui la financent à 86% . Son taux a été successivement relevé, passant de 1,1% à 2,4%, puis 3,4% et enfin à 7,5% en 1998, quand le plan Aubry-Kouchner l'a substituée à l'assurance-maladie, en même temps qu'elle était élargie aux allocations chômage. Actuellement, quand Mer parle de relever son taux pour renflouer les caisses de la Sécurité sociale, il ne fait que poursuivre une voie tracée par la gauche.

Il en va de même pour le forfait hospitalier, qui a vu le jour en 1982, un an après l'arrivée de Mitterrand au pouvoir. A l'époque, le communiste Jack Ralite, ministre de la Santé, l'avait établi à 20F; il est passé à 35F, puis 50F en 1989 sous Rocard, 70F avec Juppé. Depuis le 1er janvier dernier, il se monte à 13euros, ayant subi une hausse de 22%. Quant aux médicaments qui sont moins ou plus du tout remboursés, Mattei a pu trouver la recette, entre autres, chez son homologue de gauche Georgina Dufoix qui, en 1985 par exemple, avait diminué le taux de remboursement de 379 médicaments à 40%, sous prétexte, comme maintenant, d'un manque d'efficacité.

Retraites

Même continuité en ce qui concerne la "réforme" des retraites. Rocard avait mis en place une commission pour plancher sur ce sujet. Quand Balladur appliqua sa réforme en 1993, en allongeant la durée des cotisations exigées dans le privé pour avoir droit à une retraite à taux plein, il trouva les dossiers tout prêts. D'ailleurs, le Parti Socialiste, de retour au gouvernement en 1997, s'est bien gardé de modifier cette réforme, pas plus qu'il ne parle maintenant de ramener tout le monde à 37,5 années de cotisations. Il a même commandé une série de rapports qui ont contribué à l'idée qu'il fallait aligner le régime des salariés de l'État sur celui des salariés du privé.

Droit des travailleurs

Les syndicats et la gauche reprochent à juste titre au gouvernement Chirac-Raffarin de s'en prendre au Code du Travail, de vouloir "déréglementer" les droits des travailleurs. Mais qui, en premier, a introduit les notions de flexibilité, d'annualisation ainsi que de "travail par cycle", sinon Martine Aubry avec les deux lois qui portent son nom, en 1998 et 2000, lois qui, la plupart du temps, furent appliquées dans les entreprises au détriment des salariés?

Maintenant, Fillon veut allonger la durée des CDD (Contrats à durée déterminée) jusqu'à cinq ans, précarisant un nombre encore plus grand de travailleurs. Les syndicats et la gauche poussent les hauts cris, à juste titre. Mais le gouvernement Jospin, avec les emplois jeunes, avait été un précurseur dans ce domaine. Il pensait peut-être s'assurer ainsi un électorat qui voterait pour lui en 2002, dans l'espoir que ces contrats seraient prolongés. Calcul politique qui ne lui a guère servi, mais a créé un précédent quant à la possibilité d'employer des travailleurs précaires sur une longue durée.

Les attaques contre les travailleurs ne datent pas d'avril 2002, avec l'arrivée d'un gouvernement de droite au pouvoir. Celui-ci n'a fait que prolonger et accélérer la mise en place de mesures initiées par ses prédécesseurs, de droite mais aussi de gauche. Car au-delà des polémiques qui les opposent, la gauche et la droite, quand elles sont au gouvernement, défendent les mêmes intérêts, ceux de la bourgeoisie, du grand patronat devant lesquels ils sont également serviles.

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