Éducation : Pour Ferry, la culture coûte trop cher12/02/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/02/une1854.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Éducation : Pour Ferry, la culture coûte trop cher

Le gouvernement ouvre au concours d'enseignants du second degré 5500 postes de moins que l'an dernier. Sur deux ans, cela fera près de 12000 postes supprimés au concours. Comme généralement seule une partie du nombre des postes au concours annoncés sont pourvus, le déficit sera en réalité plus important que prévu.

À cela, il faut ajouter la suppression de milliers de surveillants ou d'agents administratifs. Cette volonté de faire des économies dans le domaine de l'éducation pénalise gravement la jeunesse, qui va étudier dans des conditions de plus en plus difficiles. Pour le gouvernement, c'est l'accès à la culture qui coûte "trop" cher.

Un exemple illustre bien cela. Des enseignants de l'académie de Toulouse ont reçu, il y a peu, un courrier académique leur proposant de se prononcer sur une reconversion professionnelle éventuelle. On leur demande ce qu'ils souhaiteraient faire s'ils devaient changer de métier. La rectrice de l'académie de Toulouse explique que "Dans un souci d'une meilleure adéquation entre les besoins de l'Académie et le profil disciplinaire des personnels enseignants qui y sont affectés, un dispositif d'aide à la mobilité professionnelle est proposé prioritairement en direction des enseignants qui exercent dans des disciplines excédentaires pour l'académie de Toulouse."

Par disciplines "excédentaires", il faut entendre celles qui ne sont pas "essentielles" aux yeux du ministère de l'Éducation nationale, comme les arts appliqués, le latin ou l'allemand. Elles n'attirent souvent que peu d'élèves et mobilisent donc un seul enseignant pour dix ou quinze élèves. Il y a quelque temps, le ministre de l'Éducation nationale, Luc Ferry, était allé dans le même sens en proposant qu'au collège, les professeurs d'allemand ou d'autres disciplines ne regroupant que peu d'élèves, enseignent parallèlement d'autres matières.

Les vrais motifs de ces initiatives n'échappent à personne. Le gouvernement compte faire des économies sur le recrutement d'enseignants de ces matières qualifiées "d'excédentaires".

Le problème de ces choix gouvernementaux n'est pas tant la difficulté d'une reconversion éventuelle des enseignants concernés. Le plus préoccupant est qu'il deviendra très difficile à un jeune souhaitant apprendre l'allemand ou le latin de le faire. Il lui faudra tenter de s'inscrire dans l'établissement où ces matières seront encore enseignées, si du moins cet établissement existe, et s'il lui est accessible. De telles difficultés ne sont pas nouvelles. Mais elles risquent fort de s'aggraver dès la prochaine rentrée puisque d'ores et déjà une suppression massive d'options est prévue dans bien des établissements.

Cela ne fera qu'accentuer les inégalités dans l'accès à la culture. Car pour un élève habitant les beaux quartiers de Paris ou de Lyon, il restera tout de même facile d'accéder aux options qu'il souhaite. Ailleurs, il n'aura le choix que d'un programme standard, en fait de plus en plus réduit. Mais le gouvernement se moque bien des difficultés qu'auront les jeunes, et en particulier de ceux des classes populaires.

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