Contre la montée réactionnaire, la classe ouvrière doit se faire entendre05/02/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/02/une2375.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Contre la montée réactionnaire, la classe ouvrière doit se faire entendre

Du racisme à l'homophobie en passant par l'antisémitisme et l'opposition à l'avortement, nombre d'idées réactionnaires refont surface.

Dimanche 2 février, on a vu manifester de nouveau les bigots et les dévots, les nostalgiques de la France de papa, les bourgeois des beaux quartiers. Cette fois, ils ont défilé contre le fait d'ouvrir aux couples de femmes la procréation médicalement assistée et contre la gestation pour autrui... mesures que le gouvernement n'a nullement l'intention de prendre.

Pour imposer leur vision conservatrice et réactionnaire de la vie et de la famille, ces bien-pensants se saisiront de tous les prétextes et, s'il le faut, ils en inventeront !

Le week-end précédent, ce sont les intégristes catholiques anti-avortement qui avaient manifesté avec les groupuscules d'extrême droite, vomissant leur antisémitisme. Ils étaient accompagnés des partisans de Dieudonné, pas gênés d'être aux côtés des pires racistes anti-musulmans et anti-arabes.

Et c'est sans parler de la manipulation grotesque laissant croire qu'un lobby homosexuel avait pris le pouvoir à l'école primaire pour pervertir les enfants ! Tous ces fantasmes et toutes ces idées s'alimentent les uns les autres.

L'UMP et le Front national sont restés à distance de ces manifestations, ne voulant pas assumer les propos réactionnaires voire fascisants de certains participants. Mais leurs militants ne se gênent pas pour en être ! En réalité, les uns et les autres prospèrent sur le même terreau et se confortent mutuellement. Aux uns, la rue et les outrances, aux autres, le Parlement et le discours châtié, pour défendre les mêmes préjugés obscurantistes, ceux-là mêmes qui ont fait les beaux jours du régime de Vichy et du « Travail Famille Patrie ».

Tous ces gens-là font ressurgir des débats que l'on pouvait croire derrière nous. Leurs idées représentent un danger car, comme on le voit en Espagne avec les menaces sur le droit à l'avortement, le recul des idées peut vite nous renvoyer trente, quarante ans en arrière.

Il en va de même pour les idées racistes et antisémites, et ceux qui font mine de s'en amuser sont des irresponsables. La banalisation de ces idées représente un danger pour les travailleurs, car elle ouvre un champ de manoeuvres à la droite la plus hostile au mouvement ouvrier.

Pour l'heure, les plus réactionnaires s'en tiennent à proclamer « leur vision de la civilisation » mais, demain, ils voudront régenter les moeurs et imposer leur loi, contre les travailleurs immigrés d'abord, puis contre tous les travailleurs. Car si, pour ces gens-là, les femmes sont vouées à être uniquement des mères de famille, les travailleurs, eux, sont voués à l'exploitation et à obéir !

Face au danger de la montée des idées réactionnaires, il n'y a rien à attendre d'un gouvernement qui a enterré le droit de vote des étrangers, et rien à attendre de Valls. Celui-ci se fait le chantre de la République ! Mais qui a regretté qu'il manque « des Blancs » dans la ville d'Évry, si ce n'est Valls ? Quant à sa sortie sur les Roms « incapables de s'intégrer », elle a les relents du racisme des années 1930. Alors, avant de faire la leçon au monde entier, le Parti socialiste devrait balayer devant sa porte.

La remise en cause des droits des femmes, la résurgence de la xénophobie et de l'antisémitisme sont l'expression du recul dans lequel nous entraîne la société capitaliste. Cela va de pair avec la montée du chômage et de la pauvreté, avec la mise en concurrence des travailleurs et le repli sur soi qui s'ensuit.

Sans une réaction collective et massive des exploités, la société reculera, matériellement et moralement. L'absence de luttes laisse libre cours à un bon nombre d'idées réactionnaires. Inversement, la vitalité et l'intensité des mobilisations ouvrières font reculer jusqu'aux préjugés les plus tenaces.

Les plus anciens se souviennent de Mai 68, tant décrié par ceux qui battent aujourd'hui le pavé : c'était tout à la fois une grève générale de la classe ouvrière et un bouillonnement progressiste sur le plan des idées et des valeurs.

Aujourd'hui, les réactionnaires apparaissent comme les seuls à vouloir se battre contre le gouvernement, à s'organiser et à se donner les moyens de peser. Si l'on veut que la société aille de nouveau de l'avant, le monde du travail doit se manifester sur son terrain, celui de l'émancipation sociale.

Seules les luttes collectives contrebalanceront le climat nauséabond actuel, car c'est au travers du combat contre l'exploitation que les travailleurs mesurent que ce qui les unit est plus fort que ce qui les différencie.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 3 février

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