Belgique : à Caterpillar Gosselies, fermeture d’usine et augmentation des dividendes14/09/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/09/2511.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : à Caterpillar Gosselies, fermeture d’usine et augmentation des dividendes

Vendredi 2 septembre, le directeur financier du groupe Caterpillar est venu annoncer la fermeture du site de Gosselies près de Charleroi, en Belgique. Ce sont 2 200 travailleurs et plus de 5 000 sous-traitants qui sont menacés de perdre leur emploi.

Caterpillar ne perd pourtant pas d’argent. Le groupe a déjà réalisé un bénéfice de 780 millions d’euros au second trimestre, pour un chiffre d’affaires de plus de 10 milliards d’euros. D’après les comptes déposés à la Banque nationale de Belgique, le site de Gosselies a même rapporté 17,6 millions d’euros aux actionnaires en 2015.

En prétextant sauver l’usine, la direction avait déjà imposé une restructuration en 2013, supprimant 1 400 emplois et aggravant considérablement la charge de travail et la flexibilité des travailleurs qui restaient. Les coûts salariaux avaient été baissés à cette occasion de 27,7 % !

À l’époque, les responsables politiques et les médias avaient joint leurs voix à celle de la direction de Caterpillar pour presser les travailleurs d’accepter cette restructuration. Les organisations syndicales avaient en particulier participé au chantage écœurant qui consistait à faire dépendre un départ en préretraite pour les travailleurs âgés d’un vote avalisant la dégradation des conditions de travail pour les autres, souvent leurs propres enfants.

La direction de Caterpillar évoque le recul des commandes de ses machines dans l’industrie minière, consécutive à la baisse des investissements liée à la baisse des prix des minéraux, notamment du fer. Mais elle se garde bien de parler des milliards de profits versés aux actionnaires pendant les années fastes où l’industrie minière investissait massivement. Pourquoi les travailleurs devraient-ils faire les frais de la crise du capitalisme, qui entraîne une stagnation ou même une régression de l’économie ? Pourquoi les capitalistes qui ont fait des affaires en or à une époque ne réduiraient-ils pas leurs bénéfices ou ne prendraient-ils pas sur les profits accumulés pour éviter que des travailleurs perdent leur travail et tombent dans la misère ?

Aujourd’hui, les responsables politiques, les journalistes se lamentent : « Que faut-il faire pour sauver nos usines ? » Et d’évoquer la longue litanie d’aides et de faveurs accordées à la multinationale. Le bénéfice a été imposé à 4,7 % en moyenne, grâce aux intérêts notionnels, un dispositif fiscal très apprécié des grandes entreprises. Quant aux salaires, au lendemain de la crise de 2008 le gouvernement belge avait créé des contrats win-win (gagnant-gagnant) pour lesquels 80 % du salaire de ces travailleurs était pris en charge par la Sécurité sociale, donc pris sur les cotisations des travailleurs.

Tous ces sacrifices imposés aux travailleurs, tous ces cadeaux fiscaux, ces aides ont naturellement été justifiés au nom de la sauvegarde de l’emploi. Mais, en pratique, ils ont servi à gonfler le pactole des actionnaires. C’est ce que reconnaît cyniquement la direction de Caterpillar : « En 2015, nous avons racheté 2 milliards d’actions et augmenté le dividende de 10 %. Maintenir les dividendes est la priorité dans l’utilisation de notre cash ».

De tous les partis politiques et responsables syndicaux qui prétendaient sauver l’entreprise, et qui n’ont fait que sauver les profits, les travailleurs n’ont rien à attendre. Caterpillar a largement accumulé de quoi continuer à payer les salaires, mais il n’y sera contraint que par un rapport de force !

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