Alstom – Belfort : prendre sur les profits pour maintenir tous les emplois !14/09/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/09/2511.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Alstom – Belfort : prendre sur les profits pour maintenir tous les emplois !

Mercredi 7 septembre, juste après avoir très rapidement informé les syndicats, la direction d’Alstom a fait son annonce directement aux 480 travailleurs de Belfort, en les réunissant par groupe d’une cinquantaine les uns après les autres. C’est la fermeture de la production et des études de l’usine de Belfort d’ici fin 2018, qui seraient transférées à l’usine de Reichshoffen.

Seul le service maintenance, TLS, serait conservé, soit entre 50 et 100 personnes. Tous ont été abasourdis par ce coup de massue, même si un tel cynisme a tout de même surpris car dans le même temps, Alstom communiquait largement sur la commande des études du TGV du futur, annonciatrice de productions, d’après la direction.

Celle-ci veut jeter dehors environ 400 travailleurs. Quand elle promet une solution pour chacun, soit très vaguement des reclassements vers les autres usines du groupe et de l’accompagnement, cela fait partie de l’intox des licencieurs de haut vol. De plus, la catastrophe sociale de cette fermeture touchera immanquablement les sous-traitants, prestataires, intérimaires. Au-delà, dans les petits commerces, les services, au moins 1 000 emplois seront menacés en cascade.

Mardi matin 12 septembre, le PDG confirmait cette décision aux salariés. Pour justifier ces licenciements massifs, Alstom met en avant de prétendues difficultés, la baisse des commandes en France, une surcapacité. Alstom en difficulté ? Ce groupe du ferroviaire exploite 31 000 salariés dans le monde, 9 000 en France, et il est en réalité riche à milliards. Les bénéfices de l’an dernier sont de l’ordre de 3 milliards d’euros ; le carnet de commandes pèse 30,4 milliards, en augmentation de 7 %. Lors de la vente de la partie Energie à General Electric, les actionnaires, à commencer par Bouygues, se sont octroyé 3,2 milliards d’euros. Les 20 % du capital en actions que l’État a pris en 2015, c’est aussi 2 milliards qui leur ont été offerts. Sans oublier les aides publiques par millions pour décrocher des contrats, 86 millions de Crédit Impôts Recherche, 6,3 millions de CICE en 2015.

Une poignée de dirigeants, agissant dans le secret d’un conseil d’administration pour le compte de capitalistes qui exigent toujours plus de profits, ont le pouvoir de sacrifier l’emploi de centaines d’ouvriers, après que ceux-ci ont fait depuis un siècle, génération après génération, la prospérité des actionnaires. En fermant une usine pour regrouper la production sur une autre, mais avec moins de salariés, ils veulent plus de rentabilité. D’ailleurs, dans toutes les autres usines du groupe, la fermeture de Belfort a augmenté l’inquiétude pour l’avenir : c’est le cas à Reichshoffen qui n’aurait plus de charge non plus après 2018, à Ornans dans le Doubs, où 200 emplois ont aussi disparu depuis 2013 et à Valenciennes où les travailleurs chôment.

S’il est exact, ce qu’on ne saura peut-être jamais, que ni Hollande, ni le gouvernement, n’ont été mis au courant par Alstom de sa décision de fermer l’usine de Belfort, leur réaction d’étonnement, puis leur prise en main du dossier, en disent long sur leur aplatissement devant Alstom et sur leur volonté de défendre les intérêts des actionnaires et pas les emplois. Hollande, Valls et ses ministres qui promettent la « mobilisation de tous » pour rechercher des commandes au-delà de 2018 avec l’ « objectif de pérenniser le site de Belfort », mènent une campagne d’enfumage à destination des travailleurs et de la population qui ne devraient pas désespérer d’être « sauvés », à condition d’être « patients ». Et tous les élus et hommes politiques de tout bord y contribuent.

Dans les ateliers et les bureaux, les travailleurs accusent le coup, personne ne travaille. Beaucoup voudraient se raccrocher à l’espoir de nouvelles commandes pour Belfort, mais la nécessité de relever la tête pour s’opposer à la fermeture de l’usine fait son chemin. Du travail, il y en a et les actionnaires regorgent d’argent ! Lutter pour imposer la répartition du travail entre tous, entre tous les sites, sans perte de salaire est la seule perspective réaliste pour les travailleurs.

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