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Leur société
Prisons : situation catastrophique et réponses sécuritaires
Le 12 septembre, une mutinerie d’une cinquantaine de détenus à la prison de Vivonne, près de Vienne, a déclenché un incendie et fait plus d’une dizaine de blessés. Deux détenus ont été placés en garde à vue.
Cas rare, cette prison est moderne et pas encore surpeuplée mais un syndicat du personnel a protesté depuis quelques temps contre le regroupement de détenus difficiles qui risquait de transformer le centre en poubelle pénitentiaire.
L’origine de la révolte serait le refus de permission de sortie à un détenu. Quoi qu’il en soit, cet événement, après la récente agression de deux surveillants à la prison d’Osny, met à nouveau sur le devant de la scène le climat de violence latente mais qui finit par exploser.
Toutes les conditions sont réunies pour transformer les prisons en marmites infernales, comme le dénonce la CGT pénitentiaire. Le nombre de détenus a encore augmenté et frôle les 70 000 pour un peu plus de 53 000 places. Un certain nombre d’établissements pénitentiaires, en particulier en Île-de-France, en sont à 200 % d’occupation. Les prisonniers se retrouvent à trois dans des cellules de deux : 1 600 d’entre eux dorment sur un matelas au sol ; c’est une augmentation de plus de 60 % en un an. La mère d’un jeune homme incarcéré racontait que son fils se trouvait dans une cellule de trois, infestée de rats, sans porte aux toilettes, sans la possibilité de prendre les trois douches réglementaires par semaine.
Adeline Hazan, contrôleure des lieux de privation de liberté, dénonce depuis longtemps les conditions indignes dans lesquelles se trouvent les détenus : manque d’hygiène, difficultés pour faire respecter leurs droits fondamentaux au travail, à la santé. Les phénomènes de violence sont constants, entre les détenus et aussi avec les surveillants.
Valls vient de déclarer qu’il faudrait créer 10 000 places dans les prisons, pour placer les détenus dans des cellules individuelles, ce qui devrait être la règle depuis longtemps, et des unités dédiées pour les détenus radicalisés. Mais il met surtout en place des mesures répressives, comme des fouilles accrues, renforcées maintenant en raison d’une surenchère politique dans le domaine sécuritaire.
Et même, à supposer que l’augmentation du nombre de places dans les prisons permette temporairement de donner un peu plus d’espace à certains détenus, elle ne résoudrait rien. Comme le dit Adeline Hazan : « L’Histoire a montré que plus on construisait de places, plus elles étaient remplies. »