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Europe de Schengen : davantage de police, de frontières et de camps…
Réunis à Amsterdam lundi 25 janvier, les ministres européens de l’Intérieur se sont tous déclarés attachés à « sauver Schengen ». Mais toutes les mesures évoquées ou engagées au nom de la lutte contre le terrorisme ou pour s’opposer à l’entrée des migrants ont pour conséquences de mettre en cause la liberté de circulation et de rétablir des frontières au sein de l’Union européenne (UE).
« Si nous voulons éviter que Schengen ne s’effondre, il faut agir vite et ne pas avoir la main qui tremble », a déclaré le ministre de l’Intérieur français Bernard Cazeneuve, qui a exigé le renforcement du contrôle s’exerçant sur les personnes transitant sur le territoire européen, et notamment sur les ressortissants de l’UE. La conséquence de la multiplication de ces mesures policières est de vider de son contenu cette « liberté de circulation » présentée par les dirigeants européens comme une des « valeurs fondamentales » de l’UE.
Les premières victimes de cette politique d’une Europe forteresse de plus en plus policière sont en premier lieu les migrants. Dans de plus en plus de pays, les conditions d’accueil se durcissent. Repoussant les limites de l’inhumanité toujours plus loin, le gouvernement danois prévoit de saisir une partie des avoirs des réfugiés sous prétexte de financer leur accueil.
Mais, tout en se montrant plus hypocrites, l’ensemble des dirigeants européens font preuve de la même inhumanité quand ils exigent de la Turquie qu’elle se montre plus « efficace » dans le contrôle de ses frontières avec l’Europe. Ils savent parfaitement que cela implique d’user de violence et de brutalité à l’égard des migrants et de les parquer dans des camps dans des conditions précaires. D’autant plus précaires que les dirigeants de l’UE se refusent pour le moment à verser les trois milliards d’euros promis au gouvernement turc pour l’aider à financer une telle politique.
Quand ils exigent de la Grèce qu’elle soit capable de stopper le flux des migrants, ils font preuve du même cynisme. Réagissant aux critiques formulées à l’égard de son pays, le ministre de l’Intérieur grec s’est exclamé à juste titre : « Veulent-ils qu’on les laisse se noyer ? »
Mais ce genre de considérations n’a pas ému ses homologues européens, qui ont discuté de la façon de renforcer la frontière entre la Grèce et la Macédoine, État qui ne fait pourtant pas partie de l’UE. Toujours au nom de la lutte contre l’immigration, les ministres ont déclenché une procédure qui pourrait aboutir à rétablir les contrôles aux frontières internes de l’espace Schengen pendant au moins deux ans.
Et pendant que les ministres renforcent l’arsenal policier, élèvent des murs et rétablissent les frontières, des dizaines de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants continuent d’arriver aux portes de l’Europe, condamnés à risquer la mort en se noyant ou à croupir dans des camps de plus en plus nombreux.