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- Lutte ouvrière n°2478
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Editorial
Les travailleurs doivent se faire entendre
La course pour la présidentielle est lancée. Après Fillon, Juppé et Copé, Sarkozy sort un livre-confessions. Faute de sondages flatteurs, il mise sur un succès de librairie pour rester dans la course de la primaire de droite.
À gauche, c’est sur une démagogie sécuritaire écœurante, sur la révision de la Constitution et la prolongation de l’état d’urgence que Hollande parie pour faire monter sa cote de popularité.
Nul besoin de dire que les intérêts des travailleurs sont absents de ce cirque politicien.
La semaine dernière, nous avons encore eu droit aux provocations de Macron assurant que « la vie d’un entrepreneur est souvent plus dure que celle d’un salarié… parce qu’eux, ils peuvent tout perdre ». Comme si les travailleurs étaient protégés, assurés d’avoir un emploi, de toucher un salaire, d’avoir un logement !
Et cela ne devait pas suffire, puisqu’il en a rajouté, à Davos, devant un parterre de grands capitalistes, en affirmant qu’il fallait mettre fin à la majoration des heures supplémentaires de façon à enterrer les 35 heures.
Valls et Hollande n’en disent pas tant, mais ils agissent. Et tout est sur la table : les 25 % de majoration des heures supplémentaires qui pourraient disparaître du Code du travail ; la baisse des indemnités prud’homales auxquelles ont droit les salariés licenciés sans cause réelle et sérieuse ; et même la baisse des indemnités de chômage !
La crise a jeté dans la précarité des millions de femmes et d’hommes ? Eh bien, le gouvernement envisage de couper dans leurs allocations chômage quand des milliards sont versés à fonds perdus au patronat.
Et comme on l’a vu avec Air France, le gouvernement voudrait, en plus, que les travailleurs se taisent. C’est aussi le sens de la condamnation à neuf mois de prison ferme des anciens ouvriers de Goodyear, coupables d’avoir lutté contre la fermeture de leur usine à Amiens.
Jean-Marie Le Guen, le secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement, s’est même permis de dire : « Il y a trop de syndicats en France. » Ce sont là des provocations autrement plus graves que les propos de comptoir d’un Macron !
Tous ces gens se moquent des chômeurs et des travailleurs. Ils font carrière dans le système capitaliste au service de la bourgeoisie et ils croient pouvoir tout se permettre. Il faut montrer que ces provocations ne passent pas.
Il ne sert à rien de se morfondre en répétant que le PS n’est plus de gauche. C’est avéré depuis longtemps. Mais les travailleurs ont toujours leurs intérêts, leurs revendications et leurs perspectives de classe à mettre en avant, indépendamment des évolutions politiciennes des Hollande et compagnie.
Des organisations syndicales ont appelé à la grève et à la manifestation dans la fonction publique et dans l’Éducation nationale mardi 26 janvier pour l’emploi et les salaires. Il y a également un appel à se rassembler le 4 février pour demander la relaxe des ex-salariés de Goodyear.
Il faut que les militants et les travailleurs qui n’acceptent plus les attaques patronales et les provocations du gouvernement répondent présent.
Il y a beaucoup d’hésitations, un manque de confiance, voire de la résignation dans les rangs des travailleurs. Et comment pourrait-il en être autrement quand les directions syndicales n’ont pas réellement envie de se battre ? Comment pourrait-il en être autrement quand les sommets syndicaux se montrent eux-mêmes irrésolus et hésitants, alors qu’ils devraient conforter les travailleurs dans leurs droits et leur donner confiance dans leurs capacités à se battre ?
Oui, les travailleurs ont perdu bien des batailles, mais ils n’ont pas perdu la guerre. Dans bien des endroits, ils résistent, loin des compromissions des sommets des appareils syndicaux. Car il suffit de regarder du côté du grand patronat pour comprendre qu’il y a de l’argent. Il suffit de constater les ponts d’or qui sont faits aux actionnaires et aux dirigeants pour comprendre que les travailleurs ont toute légitimité à ne pas se laisser faire.
Alors les personnels des hôpitaux, de l’Éducation nationale et de la fonction publique en général ont mille fois raison de protester. Que ce soit dans le public ou dans le privé, quand son salaire reste bloqué à celui de 2010, quand ses conditions de travail ne cessent d’empirer au rythme des suppressions d’emplois, il faut le dénoncer.
Ce n’est certes qu’une protestation et, pour faire reculer le patronat et le gouvernement, il faudra plus que cela. Mais il faut commencer par prendre la parole et ne pas la laisser à tous les perroquets du patronat que sont les Macron, Valls, Sarkozy et Hollande.
Éditorial des bulletins d’entreprise du 25 janvier 2016