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- Lutte ouvrière n°2431
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Négociations avec l’Iran, brouille avec Netanyahou : la diplomatie de l’impérialisme
Pour justifier son déplacement à Washington débuté dimanche 1er mars, Benjamin Netanyahou s’est déclaré « en mission historique », se présentant comme « l’envoyé de tous les citoyens d’Israël » et même carrément de « l’ensemble du peuple juif » ! Ce missionnaire proclamait son intention de dénoncer le risque de voir l’Iran se doter de l’arme nucléaire, en cas d’accord au terme des négociations menées actuellement à Zurich entre les représentants des grandes puissances et l’Iran.
En agitant le spectre de la menace iranienne, le Premier ministre israélien reprend un de ses thèmes favoris, qui lui permet de se donner l’image de défenseur de la sécurité d’Israël. Il tient d’autant plus à le faire en ce moment qu’il est engagé dans la campagne pour les élections législatives, qui auront lieu le 17 mars prochain.
Le voyage de Netanyahou ne pouvait pas plaire à Obama, puisqu’il constitue une critique d’un volet important de sa diplomatie. En outre, ce voyage s’est fait à l’invitation du président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, dans le dos de l’administration démocrate. Manifestant sa contrariété, Obama a qualifié ce geste de « destructeur pour les bases mêmes des relations américano-israéliennes » et s’est refusé à recevoir le dirigeant israélien.
Obama n’avait aucune raison de rendre service à Netanyahou, qui lui-même ne lui a pas fait de cadeau. Pour autant, contrairement à ce que certains commentateurs ont pu affirmer, il n’y a pas de divorce entre les deux alliés. Au-delà de ces péripéties, chacun des protagonistes a tenu à réaffirmer que l’alliance entre les deux États n’était pas remise en cause. À plusieurs reprises depuis le début de son différend avec Netanyahou, Obama n’a pas manqué de rappeler que la relation entre les États-Unis et Israël « transcende les partis », parlant d’un « lien indestructible ».
Il n’en est pas moins vrai que le gouvernement américain cherche depuis plusieurs années à réintégrer l’Iran dans le jeu diplomatique. Après le renversement de la dictature du shah, qui avait été un allié privilégié de l’impérialisme américain, le régime des ayatollahs avait été soumis à un embargo économique et avait été mis à l’index par les États-Unis. Contrairement à ce qu’ils ont prétendu, les dirigeants américains ne lui reprochaient pas son caractère profondément réactionnaire. Nombre de leurs alliés le sont tout autant, à commencer par l’Arabie saoudite. Ils lui ont fait payer ses discours anti-impérialistes de ses débuts et sa volonté d’affirmer son indépendance vis-à-vis des États-Unis.
Depuis plusieurs années, les dirigeants américains ont cherché à rétablir des relations pacifiées avec l’État iranien. Celui-ci représente l’un des rares États du Moyen-Orient dont la stabilité a jusqu’à aujourd’hui été préservée, notamment en réprimant toute opposition. Son influence politique sur des mouvements islamistes, comme le Hezbollah libanais, peut lui permettre de jouer un rôle déterminant dans l’évolution de la situation du Moyen-Orient. Ainsi, alors que les États-Unis ont mis sur pied une grande coalition contre le mouvement État islamique (EI), l’État iranien de son côté apporte son soutien financier et militaire à des milices islamistes chiites qui s’opposent à celles de l’EI en Syrie et en Irak. Dans ce dernier pays, l’Iran a même envoyé une brigade qui participe aux opérations de reconquête des territoires conquis par les troupes de l’EI ces derniers mois.
Ce genre de calcul et de retournement d’alliance auquel il donne lieu est dans la continuité de la politique des dirigeants impérialistes, qui jouent des rivalités entre États et les utilisent comme des pions pour assurer leur domination sur tous les peuples de la région.