Italie : la Ligue de Salvini, démagogie xénophobe au programme04/03/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/03/2431.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : la Ligue de Salvini, démagogie xénophobe au programme

Samedi 28 février, la Ligue du Nord a rassemblé entre 25 000 et 30 000 manifestants à Rome. Son nouveau secrétaire, Matteo Salvini, voudrait la faire apparaître comme la seule véritable opposition à la politique du gouvernement Renzi.

Salvini cherche à faire de la Ligue du Nord, parti sécessioniste qui réclamait l’indépendance d’une mythique Padanie, regroupant les riches régions industrielles du Nord, un parti d’envergure nationale. Il raflerait ainsi les voix de droite qui allaient à Forza Italia, le parti de Berlusconi, déconsidéré par les frasques de son principal représentant et par ses accords avec Renzi. Pour cela, la Ligue doit adapter son discours et Salvini explique donc à sa base militante et électorale des régions du Nord qu’il est temps de remplacer le slogan « D’abord le Nord » par « D’abord l’Italie ».

Interrogé sur le choix de manifester à Rome, qualifiée autrefois par la Ligue de « Rome la voleuse », Salvini répondait ainsi : « Nous parlions alors des énergumènes de la mafia de la capitale, certainement pas du chauffeur de taxi romain, du marchand de journaux ou du boulanger, qui sont les premières victimes de cette Rome-là. »

Pendant des jours, les médias lui ont complaisamment tendu leurs micros. À longueur de débats politiques à la télévision, d’interviews dans les journaux, il a pu développer jusqu’à la nausée sa démagogie. Dénonçant les immigrés, les Roms et les technocrates de Bruxelles, il se veut le représentant des « petits contre les parasites » et promet des baisses d’impôts, l’abolition du délit de légitime défense, le renvoi de tous les Roms dans les trois mois et de tous les immigrés clandestins. Si c’est d’abord à la petite bourgeoisie réactionnaire et mécontente de voir son niveau de vie chuter qu’il s’adresse, Salvini saupoudre également son discours de phrases sur les « honnêtes travailleurs » qui seraient victimes du gouvernement Renzi et des « diktats » de l’Europe, mais jamais du patronat italien. Un discours comparable à celui de Marine Le Pen, que Salvini voudrait imiter et qui a d’ailleurs envoyé un message de soutien vidéo à la manifestation de la Ligue. Comme Le Pen, il spécule sur la dégradation de la situation sociale, sur la montée de la misère et le désarroi qui en résulte, pour tenter de se tailler des succès.

Rythmée par les saluts fascistes et des slogans scandés comme « Communiste, fils de p… », « Clandestin, fils de p… », la parade des manifestants néo-fascistes de Casa Pound, qui s’est jointe à la manifestation, s’est taillé un vif succès. Son dirigeant, di Stefano, a expliqué qu’il partageait « à la virgule près le programme de Salvini, qu’on peut résumer ainsi : à bas l’euro, à bas l’immigration, les Italiens d’abord ».

Le même jour, une contre-manifestation a rassemblé elle aussi des milliers de manifestants derrière le slogan « Jamais avec Salvini », auquel s’ajoutait « ni avec Renzi ». Heureusement, beaucoup de manifestants, de travailleurs de gauche et de jeunes, voulaient montrer que l’extrême droite n’est pas la seule opposition à la politique du gouvernement.

C’est au nom d’une prétendue gauche « moderne » que Renzi met en œuvre une série d’attaques contre les classes populaires. Les dernières mesures en date, celles du Jobs Act, sorte de loi Macron à l’italienne, dépouillent les travailleurs du peu de garanties légales qui leur restaient et signent la fin du contrat à durée indéterminée. Le tout sans que les appareils syndicaux n’organisent de riposte à la hauteur de l’attaque, la dirigeante de la CGIL se contentant maintenant d’appeler à « réécrire un nouveau Statut des travailleurs »… après n’avoir rien fait pour défendre l’ancien.

C’est la lutte des travailleurs sur leur terrain de classe qui pourra mettre un coup d’arrêt à ces attaques et en même temps faire reculer les nostalgiques du fascisme et les racistes de tout poil sur lesquels Salvini n’hésite pas à s’appuyer.

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