Parlementaires auprès d’Assad : pieds nickelés ou poissons pilotes de l’impérialisme français ?04/03/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/03/2431.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Parlementaires auprès d’Assad : pieds nickelés ou poissons pilotes de l’impérialisme français ?

Le 24 février, deux députés et deux sénateurs, de l’UMP, du PS et de l’UDI, sont allés en Syrie rencontrer le dictateur Bachar al-Assad. Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, tout en avouant avoir été mis au courant, a désapprouvé cette initiative. Mais, derrière cette position de façade, il est tout à fait possible que la seule chose que le gouvernement reproche à cette expédition soit d’être un peu prématurée et un peu trop médiatisée.

Celui qui s’est le plus fait remarquer à cette occasion est Jacques Myard, député UMP des Yvelines, diplomate de formation, membre du groupe d’amitié France-Syrie de l’Assemblée nationale. Il a rendu compte de son voyage dans un communiqué contenant un certain nombre d’âneries. Se trompant sur les noms des personnes rencontrées, mentionnant au moins une personne décédée depuis plus de deux ans, il a au passage arabisé le nom du secrétaire général des Nations unies, le coréen Ban Ki-moon, le rebaptisant « Ben Kimoun ».

Jacques Myard était accompagné de Gérard Bapt, député PS et président du groupe d’amitié France-Syrie à l’Assemblée nationale, Jean-Pierre Vial, sénateur UMP et président du groupe d’amitié France-Syrie du Sénat, et François Zocchetto, sénateur UDI de Mayenne… lui aussi membre du groupe d’amitié déjà cité.

Le gouvernement et la plupart des dirigeants de la droite, dont Sarkozy, ont tenu à se démarquer de cette opération. Un diplomate français a tenu à dire : « Notre ligne est inchangée : on ne parle pas à Bachar. » Inchangée… jusqu’à quand ? Ce ne serait pas le premier revirement des dirigeants français vis-à-vis de la dictature syrienne.

On peut rappeler qu’après plusieurs années de brouille la France avait renoué des liens avec Bachar al-Assad en 2008, quand Sarkozy avait lancé l’Union pour la Méditerranée. Cette union visait à ouvrir les pays arabes, comme la Syrie, aux capitaux des multinationales européennes, notamment françaises. Il est tout à fait possible que sous prétexte de la lutte contre les milices de l’État islamique, le gouvernement français fasse le choix de s’appuyer plus ouvertement, de nouveau, sur le dictateur syrien.

Stéphane Hénin, journaliste français, otage de l’État islamique pendant dix mois, a déclaré d’ailleurs que, par les exactions dont il était directement responsable, le régime de Bachar al-Assad était, selon lui, « le meilleur sergent recruteur de l’État islamique ». Il a dénoncé ces « hélicoptères du régime syrien qui jettent des barils de TNT sur les populations civiles » en Syrie. Des hélicoptères que les avions de la coalition internationale laissent complaisamment agir.

Les crimes des uns servent d’alibi aux autres. Et tous massacrent sans sourciller et sans pitié les populations. Les puissances impérialistes, France incluse, arment, financent ou soutiennent le clan qui sert au mieux leurs intérêts du moment.

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