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Dans les entreprises
Airbus Nantes et Saint-Nazaire : débrayages contre la réorganisation des horaires
Jeudi 26 et vendredi 27 février, sur les deux usines Airbus de Nantes et Saint-Nazaire, 1 350 salariés travaillant en équipe en 2x8 ont débrayé une heure, pour protester contre une réorganisation des horaires qui les obligerait à rester une heure de plus dans l’usine.
Ces deux usines Airbus, essentiellement des sites de production, emploient pour Nantes 2 300 salariés et 300 intérimaires et pour Saint-Nazaire 2 800 salariés et 400 intérimaires.
Parallèlement, toujours pour ces deux usines, la direction vient d’annoncer le gel des embauches pour les deux ans à venir et, pour tout Airbus Group, l’allongement du temps de travail des cadres et une montée en puissance des cadences pour le nouvel avion, l’A350, et l’A320 Néo, qui se vendent très bien.
Nouvelle annonce aussi, sur l’usine de Nantes : un tiers des intérimaires ne seraient pas repris.
Les salariés apprenaient, le matin même des débrayages, qu’Airbus Group battait tous ses records en matière de commandes (dix années de travail assuré), avec des bénéfices en hausse de 59 % pour l’année 2014, soit l’équivalent de 2,34 milliards d’euros dont plus d’un milliard pour les actionnaires !
Ces annonces conjuguées ont eu pour effet de provoquer, à l’appel des syndicats CGT et CFDT, des débrayages et des rassemblements devant les bureaux des deux directions, de l’ordre de plusieurs centaines de personnes, alors que seules les équipes travaillant en 2x8 sont pour l’instant concernées par cette modification des horaires.
En effet ces nouvelles attaques passent mal. Elles s’ajoutent aux pressions déjà quotidiennes pour les heures supplémentaires, le travail du samedi, et aux conditions de travail qui se détériorent.
Alors, dans ce contexte euphorique pour les actionnaires et les grands dirigeants, ce nouveau serrage de vis pour les salariés choque. Mais il est parfaitement justifié pour ces grands patrons qui déclarent avec cynisme : « Il nous faut continuer à diminuer nos coûts (…) pour continuer à grandir et protéger notre futur. »
Ils avancent aussi l’argument qu’ils ont déjà beaucoup embauché les années précédentes : 1 200 embauches ces trois dernières années pour Saint-Nazaire. Cela semble beaucoup mais, quand on fait le décompte entre les arrivées et les départs (surtout en retraite), le solde est à peine positif. Pour Nantes par exemple, cela représente une vingtaine de salariés en plus pour 2014, ce qui ne suffit pas pour sortir la production.
Il n’est pas dit que les salariés acceptent une telle dégradation de leurs conditions de travail, et surtout de travailler plus alors que le chômage explose. Beaucoup comprennent que, derrière les belles phrases, ce qui continue à grandir c’est la fortune des actionnaires, et que ce qui est protégé ce sont leurs futurs profits. Pour 2015, ils prévoient d’augmenter les dividendes de 65 %.
Les débrayages de la semaine dernière ont changé l’ambiance. Mardi 3 mars, ils continuaient de plus belle. C’est un encouragement pour tous ceux qui pensent qu’il est temps que la classe ouvrière relève la tête et dise : non, ça suffit !