Pologne : Les mineurs font reculer le gouvernement11/02/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/02/2428.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Pologne : Les mineurs font reculer le gouvernement

En Pologne, il y a longtemps que, pour s'en prendre aux travailleurs, les gouvernements usent des mêmes mensonges que leurs homologues occidentaux sur les acquis sociaux : ils ont beau être bien plus minces qu'ici, ils les disent « trop coûteux ». Et, s'agissant des mineurs, ils attaquent en boucle leurs prétendus « privilèges exorbitants ».

La « restructuration » des mines de charbon, entreprise depuis les années 1990, a pourtant considérablement réduit le nombre des mineurs et a plongé la Silésie, principale région minière du pays, dans le marasme économique et social, avec un taux de chômage élevé et des villes dont certaines sont sinistrées.

Aussi, début janvier, lorsque le gouvernement a annoncé vouloir fermer quatre mines de KW, les houillères d'État, l'émotion a été forte. KW compte 14 mines et emploie 49 000 personnes. Dès le 7 janvier, les mineurs de Brzeszcze se sont mis en grève, entraînant pratiquement tous les sites miniers de Silésie : ceux de KW, mais aussi ceux de sociétés comme JSW et KTW.

D'autres travailleurs - infirmières, sages-femmes - et une large partie de la population de la région ont aussi montré leur colère en organisant la solidarité. Des villages de tentes ont été dressés devant les mines. Tous les jours, des actions de solidarité ont eu lieu, notamment une manifestation de 10.000 participants à Bytom, ville où se trouve une des mines menacées et où le taux de chômage atteint 21 %.

Le gouvernement, dirigé par Ewa Kopacz depuis que Donald Tusk a pris la présidence du Conseil européen, a voulu tenir bon. Mais si certains ont surnommé Ewa Kopacz la « Margaret Thatcher polonaise » - en référence à la grève, finalement vaincue, que les mineurs britanniques ont menée en 1984-1985 contre le gouvernement Thatcher qui voulait fermer de nombreuses mines - le gouvernement Kopacz a dû retirer son projet le 17 janvier. Soit le lendemain du jour où il l'avait fait adopter au Parlement.

Le travail a repris sur la plupart des sites. Mais dans l'une des mines de JSW, qui ne fait pas partie de celles que visait le gouvernement, la grève s'est transformée en mouvement contre le gel des salaires et le calcul des absences pour maladie. Et elle continuait le 9 février.

La profondeur du mouvement de colère, ses prolongements actuels, le fait que des sondages ont indiqué que plus des deux tiers de la population soutenaient les mineurs, la proximité des élections présidentielle et législatives cette année, tout cela n'est sans doute pas étranger au recul du gouvernement. Mais, après la série de mesures antiouvrières de ces dernières années, on ne peut que se réjouir que les travailleurs aient, cette fois-ci, forcé le pouvoir à remballer sa dernière attaque.

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