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Dans les entreprises
Mory-Global après Mory-Ducros : Les salariés victimes des manoeuvres patronales
Après un plan dit de « reprise » conclu en 2014, qui avait entraîné plus de 2 800 licenciements et dans lequel le gouvernement s'était directement impliqué, le groupe qui contrôle toute l'opération depuis le début a déposé encore une fois le bilan et menace les 2 200 salariés restants d'aller rejoindre leurs camarades à Pôle emploi.
Cette affaire est révélatrice à bien des égards de l'impasse, pour ne pas dire du piège, que patrons, gouvernements et même directions syndicales présentent aux travailleurs face aux patrons qui les menacent.
Du côté employeur, les salariés ont été victimes d'un fonds de reprise, Caravelle, qui, sans mettre un centime, a repris en 2011 le premier groupe français de messagerie qui employait plus de 5 000 salariés en emplois directs, et plus de 2 000 en sous-traitance. En 2013, l'actionnaire a une première fois déposé le bilan, au nom d'un déficit qu'un collectif de 800 salariés a attaqué comme faillite organisée.
Ce qui est certain, c'est que sous la haute protection du ministre de l'Économie, Montebourg, l'actionnaire qui avait mis son entreprise en faillite a eu le culot de proposer lui-même un plan de reprise, en laissant près de 5 000 personnes sur le carreau, si l'on compte les sous-traitants. Un vrai pactole pour les patrons. Effacées par « le plan de reprise » les dettes, véridiques ou provoquées, à hauteur de plusieurs dizaines de millions d'euros ; laissé à la charge de la collectivité le coût du plan de licenciement, lui aussi à hauteur de plusieurs dizaines de millions d'euros. Cette opération, en théorie totalement illégale, a été non seulement avalisée par le gouvernement, mais celui-ci y a ajouté un beau cadeau de 17,5 millions d'euros, tombé dans la poche de ces mêmes patrons.
Les travailleurs avaient entre leurs mains une véritable force de frappe pour mettre en échec cette opération de liquidation des emplois : des centaines de camions et des milliers de salariés capables de paralyser le pays. Tout le monde - patronat, Montebourg et le gouvernement, la plupart des centrales syndicales - s'y est mis pour faire accepter aux travailleurs par tous les moyens ce plan pourri. Tellement pourri que même le tribunal administratif s'est senti obligé, il y a quelques mois, d'annuler l'aval du gouvernement à ce plan social, en ouvrant aux salariés la possibilité d'une indemnisation.
Aujourd'hui le patron remet cela, puisque ça a si bien réussi la fois d'avant.