La Redoute, Roubaix-Wattrelos : Une hémorragie d'emplois11/02/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/02/2428.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Redoute, Roubaix-Wattrelos : Une hémorragie d'emplois

La Redoute appartenait il y a peu encore au multimilliardaire Pinault, parmi les premières fortunes du pays. En quelques années, celui-ci a tout fait pour vider l'entreprise de sa substance. Après l'avoir rachetée il s'en est servi pour asseoir sa fortune.

Le nombre de salariés est passé de 6 300 en 2 000 à moins de 2 800 en décembre 2014. En revanche, les profits s'engrangeaient : en 2012 et 2013 les bénéfices du groupe de Pinault, PPR devenu Kering, étaient de 2,3 milliards d'euros. La fortune de Pinault a crû de 4 milliards dans la seule année 2012.

C'est alors que les intentions de liquidation de l'entreprise ont commencé à se faire jour. Pinault s'est mis à faire du chantage à la fermeture si l'entreprise n'était pas rachetée. C'est à la PDG, Nathalie Balla, associée à un directeur financier de l'entreprise qu'a échu le soin de la reprendre pour un euro symbolique. Pinault mettait paraît-il près d'un demi-milliard sur la table pour cette reprise.

Mais cette cession ne s'est pas déroulée comme l'aurait souhaité Pinault car les travailleurs se sont mobilisés pour ne pas être « vendus » sans garanties, ni indemnités. Après de nombreuses manifestations très réussies, dans la région mais aussi à Paris, les travailleurs ont obtenu : un minimum d'indemnités extralégales de 20 000 euros pour tous, plus 750 à 1 200 euros par année d'ancienneté, un congé de reclassement de 12 à 18 mois et des préretraites pour les plus de 55 ans, payés à 80 % du salaire jusqu'à la retraite.

Alors, aujourd'hui, les travailleurs qui le peuvent sont pressés de partir. Évidemment, pour ceux qui restent la charge de travail a considérablement augmenté car la direction ne remplace pas ceux qui partent. Sur ce plan elle ne respecte pas ses promesses : les postes libérés par les départs ne sont pas proposés à ceux qui, à l'intérieur de l'entreprise, voudraient s'y reclasser.

D'autre part la direction voudrait utiliser l'argent théoriquement bloqué pour les travailleurs qui partent, par exemple pour accorder des sommes importantes à des hauts cadres qui démissionnent alors que leur poste n'est pas supprimé, ou pour proposer de financer des formations alors que l'employeur a l'obligation de former les salariés pour leur permettre de garder un emploi.

Les travailleurs n'en continuent pas moins de se réunir dans les différents secteurs, à l'initiative de la CGT, montrant par là qu'ils ont gardé le moral pour se défendre. Une pétition réclamant des garanties et le respect de l'accord circule. La nécessité de rester solidaires, face à l'appétit de rapaces comme Pinault, reste dans les têtes.

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